Pensées - page 318  
        choses spéculatives et d’imagination 
        qu’ils n’ont jamais vues dans le monde 
        et dans l’usage. 
        3.   La mort est plus aisée à supporter 
        sans y penser, que la pensée 
        de la mort sans péril.  
        4.   Il arrive souvent qu’on prend 
        pour prouver certaines choses, des 
        exemples qui sont   tels, qu’on pourrait 
        prendre ces choses pour prouver ces 
        exemples : ce   qui ne laisse pas de faire 
        son effet ; car comme on croit toujours 
        que   la difficulté est à ce qu’on 
        veut prouver, on trouve les exemples 
        plus clairs.   Ainsi quand on veut montrer 
        une chose générale, on donne la 
        règle   particulière d’un cas. Mais si on 
        veut montrer un cas particulier, on 
        commence par la règle générale. On 
        trouve toujours obscure la chose qu’on 
        veut prouver, et claire celle qu’on emploie 
        à la prouver ; car quand on   propose 
        une chose à prouver, d’abord on 
        se remplit de cette imagination   qu’elle 
        est donc obscure, et au contraire 
        que celle qui la doit prouver est   claire, 
        et ainsi on l’entend aisément. 
        5.   Nous supposons que tous les 
        hommes conçoivent et sentent de la   |