Fragment Raisons des effets n° 7 / 21 - Papier original :  RO 441-4

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Raisons des effets n° 118 p. 33 / C2 : p. 50

Éditions de Port-Royal : Chap. XXXI - Pensées diverses : 1669 et janv. 1670 p. 326-327 / 1678 n° 12 p. 321-322

Éditions savantes : Faugère I, 213, CXIII / Havet V.19 / Michaut 758 / Brunschvicg 302 / Tourneur p. 190-2 / Le Guern 81 / Lafuma 88 / Sellier 122

 

 

 

 

 

Dans l’édition de Port-Royal

 

Chap. XXXI – Pensées diverses : 1669 p. 326-327 / janv. 1670 p. 326-327 / 1678 n° 12 p. 321-322

              

 

Différences constatées par rapport au manuscrit original

 

Ed. janvier 1670 1

Transcription du manuscrit

  

 Ceux qui sont capables d’inventer sont rares : ceux qui n’inventent point sont en plus grand nombre, et par conséquent les plus forts. Et l’on voit que pour l’ordinaire ils refusent aux inventeurs la gloire qu’ils méritent, et qu’ils cherchent par leurs inventions. S’ils s’obstinent à la vouloir avoir 2, et à traiter de mépris ceux qui n’inventent pas, tout ce qu’ils y gagnent, c’est qu’on leur donne des noms ridicules, et qu’on les traite de visionnaires. Il faut donc bien se garder de se piquer de cet avantage, tout grand qu’il est ; et l’on doit se contenter d’être estimé du petit nombre de ceux qui en connaissent le prix.

 

 

C’est l’effet de la force, non de la coutume, car ceux qui sont capables d’inventer sont rares. Les plus forts en nombre ne veulent que suivre et refusent la gloire à ces inventeurs qui la cherchent par leurs inventions. Et s’ils s’obstinent à la vouloir obtenir et à mépriser ceux qui n’inventent pas, les autres leur donneront des noms ridicules, leur donneraient des coups de bâton. Qu’on ne se pique donc pas de cette subtilité ou qu’on se contente en soi‑même.

 

1 Conventions : rose = glose des éditeurs ; vert = correction des éditeurs ; marron = texte non retenu par les éditeurs.

2 Le verbe avoir a été supprimé dans l’édition de 1678.

 

Commentaire

 

Les éditeurs étendent le texte original, mais ils en détournent quelque peu le sens : ils suppriment même l’idée essentielle que la néophobie est l’effet de la force et non pas de la coutume. Ils atténuent aussi l’idée que l’on doit se contenter en soi-même, qu’ils remplacent par le conseil de se satisfaire de l’approbation des connaisseurs. Ils suppriment aussi la note de burlesque contenue dans l’expression des coups de bâton.