Fragment Vanité n° 31 / 38 – Papiers originaux : RO 361-361 v° et 369-369 v°
Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Vanité n° 51 à 65 p. 82 à 13 / C2 : p. 24 à 30
Éditions de Port-Royal : Chap. XXV - Faiblesse de l’homme : 1669 et janv. 1670 p. 190 à 198 /
1678 n° 4, 7, 8, 11, 13, 14 et 16 p. 186 à 194
Éditions savantes : Faugère II, 47 à 53, I-I à V / Havet III.3 et III.19 / Michaut 601 / Brunschvicg 82 et 83 / Tourneur p. 173-6 / Le Guern 41 / Maeda II p. 13 / Lafuma 44 et 45 / Sellier 78
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Premières éditions et copies des XVIIe - XVIIIe siècles et du début du XIXe
Dans l’édition de Port-Royal : une grande partie de ce texte a constitué la base du Chapitre XXV - Faiblesse de l’homme.
La copie Périer reproduit p. 107 et 107 v° la partie non barrée, non retenue dans l’édition de Port-Royal : (en rouge : les différences par rapport à C1 et C2)
Nos magistrats ont bien connu ce mistere. leurs Robes rouges, leurs hermines dont ils s’emmaillotent en chafourés ; Les Palais où ils jugent, les fleurs de lis ; tout cet appareil auguste étoit nécessaire. Et si les médecins n’avoient des soutannes et des Mules, et que les Docteurs n’eussent des bonnets quarrés et des Robes trop amples de quatre parties ; jamais ils n’auroient dupé le monde qui ne peut résister à cette montre autentique. Les seuls gens de guerre ne se sont pas déguisés de la sorte, parcequ’en effet leur part est plus essentielle. Ils s’établissent par la force, les autres par grimaces.
C’est ainsi que nos Rois n’ont pas recherché ces déguisemens. Ils ne se sont pas marqués d’habits extraordinaires pour paroitre tels. Mais ils se font accompagner de gardes et de hallebardes. Ces trognes armées qui n’ont de mains et de force que pour eux. Les trompettes et les tambours qui marchent au devant, et ces Légions qui les environnent font trembler les plus fermes. Ils n’ont pas l’habit ; seulement, ils ont la force. Il faudroit avoir une raison bien épurée pour regarder comme un autre homme le grand seigneur environné dans son superbe serrail de 40000 janissaires.
S’ils avoient la véritable justice, si les Medecins avoient le vrai art de guérir, Ils n’auroient que faire de bonnets quarrés. La Majesté de ces sciences seroit assez vénérable d’elle meme : Mais n’aiant que des sciences imaginaires, il faut qu’ils prennent ces vains instrumens qui frappent l’imagination à laquelle ils ont affaire, et par là en effet ils s’attirent le respect.
Nous ne pouvons pas voir seulement un Avocat en soutanne et le bonnet en téte sans une opinion avantageuse de sa suffisance.
Cette partie a été publiée par le père Pierre Nicolas Desmolets (1728) p. 306 et 326 mais dans un texte très approximatif :
Nos Magistrats ont bien connu ce mystére : leurs robbes rouges, leurs hermines dont ils s’emmaillottent en chats fourrez, les Palais où ils jugent, les fleurs de lys, tout cet appareil auguste étoit nécessaire ; & si les Médecins n’avoient des soutanes & des mules, si les Docteurs n’avoient des bonnets quarrés & des robbes trop amples , ils n’auroient jamais eu la même considération dans le monde, qui ne peut résister à cette montre authentique. Les gens de guerre ne se sont pas déguisez de la sorte, parcequ’en effet leur art est plus essentiel. Ils s’établissent par la force, les autres par leur maintien.
Si les Magistrats avoient la véritable justice, & les Médecins le vrai art de guérir, ils n’auroient que faire de bonnets quarrés. La majesté de ces sciences seroit assez vénérable d’elle-même ; mais leurs lumiéres étant souvent fautives, il faut qu’ils prennent ces vains instrumens, qui frappent l’imagination à laquelle ils ont affaire ; & par là en effet ils s’attirent le respect.
Nous ne pouvons pas voir seulement un Avocat en soutane & le bonnet en tête, sans une opinion avantageuse de sa personne.
J.-A.-N. Condorcet (1776), article VII, n° 9, n’a pas retenu le texte de Desmolets ; il a publié celui de la copie Périer en y ajoutant une erreur (véritable au lieu de vénérable) et en corrigeant une autre (masqués d’habits au lieu de marqués d’habits).
Ch. Bossut (1779), p. 109, t. II, partie I, article VIII, n° 9, corrige l’erreur apportée par Condorcet, conserve masqués d’habits et ajoute une erreur (vains ornements au lieu de vains instruments). A. Renouard (1812) p. 155, partie I, article VIII, n° IX se contente de reproduire le texte de Bossut.
Il faut attendre P. Faugère (1844) pour que le texte édité soit complet