Règle de la créance  – Fragment n° 6 / 8 – Papier original : RO 295-4

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 81 p. 313 v°  / C2 : p. 407

Éditions savantes : Faugère II, 404 / Brunschvicg 364 / Tourneur p. 61-2 / Le Guern 462 / Lafuma 508 (série XX) / Sellier 677

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Bibliographie

 

 

CROQUETTE Bernard, Pascal et Montaigne. Étude des réminiscences des Essais dans l’œuvre de Pascal, Genève, Droz, 1974, p. 50.

 

 

Éclaircissements

 

Tot circa unum caput tumultuantes deos.

 

Croquette Bernard, Pascal et Montaigne. Étude des réminiscences des Essais dans l’œuvre de Pascal, p. 50.

Tot circa unum caput tumultuantes deos : « Tant de dieux s’agitant autour d’un seul homme ». Sénèque le rhéteur (Sénèque l’Ancien), Suasoriae, I, 4, 3. Il s’agit, dans cette suasoria d’une réflexion sur Alexandre le Grand à son entrée à Babylone. « Qui vero in media se, ut praedicant, fatorum misere pignora, natales inquirunt et primam aevi horam veram omnium annorum habent nuntiam ; quo ierint motu sidera, in quas discucurrerint partes, contrane dirus steterit an placidus affulserit Sol ; plenam lucem an initia surgentis acceperit, an abdiderit in noctem obscurum caput Luna ; Saturnus nascentem ad cultum agrorum, an ad bella Mars militem, an negotiosum in quaestus Mercurius exceperit, an blanda annuerit nascenti Venus, an ex humili in sublime Jupiter tulerit, aestimant : tot circa unum caput tumultuantes deos ! »

Cité par Montaigne, Essais, II, 13, De juger de la mort d’autrui, éd. de 1652, p. 446, éd. Balsamo, Pléiade, p. 643. « Nous entraînons tout avec nous : d’où il s’ensuit que nous estimons grande chose notre mort, et qui ne passe pas si aisément, ni sans solenne consultation des astres : tot circa unum caput tumultuantes Deos. Et le pensons d’autant plus, que plus nous nous prisons. »

En marge de l’édition de 1652 : « Tant de dieux en combustion, sur l’intérêt d’une vie ! ». Aucune référence n’est fournie en marge.

Le sujet n’est pas sans rapport avec le contexte de la citation attribuée à Pline notée plus haut. Mais ce même contexte semble relier cette citation à une critique du polythéisme païen et de la superstition. Le texte de Montaigne invite cependant à l’associer à une réflexion sur la mort, telle que propose le fragment Laf. 668, Sel. 547. Chacun est un tout à soi-même, car lui mort le tout est mort pour soi. Et de là vient que chacun croit être tout à tous. Il ne faut pas juger de la nature selon nous mais selon elle.