Pensées diverses II – Fragment n° 15 / 37 – Papier original : RO 73-3

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 107 p. 355 v°  / C2 : p. 311 v°

Éditions de Port-Royal : Chap. XXIX - Pensées morales : 1669 et janvier 1670 p. 294 / 1678 n° 54 p. 291-292

Éditions savantes : Faugère II, 94, X / Havet XXIV.57 ter / Michaut 200 / Brunschvicg 219 / Tourneur p. 89-2 / Le Guern 519 / Lafuma 612 (série XXIV) / Sellier 505

 

 

 

Il est indubitable que, que l’âme soit mortelle ou immortelle, cela doit mettre une différence entière dans la morale, et cependant les philosophes ont conduit leur morale indépendamment de cela.

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Ils délibèrent de passer une heure.

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Platon, pour disposer au christianisme.

 

 

Pascal s’en prend ici à l’inconséquence des philosophes qui ne s’intéressent guère au problème de l’immortalité de l’âme, qui touche du plus près au cœur de l’homme.

La note sur Platon a suscité des interprétations différentes. Voir le dossier thématique sur Platon.

 

Analyse détaillée...

 

Fragments connexes

 

Commencement 5 (Laf. 154, Sel. 187). Partis.

Il faut vivre autrement dans le monde, selon ces diverses suppositions.

1. si on pouvait y être toujours.

[2. s’il est incertain si on y sera toujours ou non [...]

3. s’il est sûr qu’on n’y sera pas toujours, mais qu’on soit assuré d’y être longtemps.

4. s’il est certain qu’on n’y sera pas toujours et incertain si on y sera longtemps] (texte barré verticalement)

5. s’il est sûr qu’on n’y sera pas longtemps, et incertain si on y sera une heure.

Cette dernière supposition est la nôtre.

Commencement 14 (Laf. 164, Sel. 196). Commencement.

Cachot.

Je trouve bon qu’on n’approfondisse pas l’opinion de Copernic. Mais ceci...

Il importe à toute la vie de savoir si l’âme est mortelle ou immortelle.

Dossier de travail (Laf. 409, Sel. 28). Fausseté des philosophes qui ne discutaient pas l’immortalité de l’âme. Fausseté de leur dilemme dans Montaigne.

Preuves par discours II (Laf. 427, Sel. 681). On sait assez de quelle manière agissent ceux qui sont dans cet esprit. Ils croient avoir fait de grands efforts pour s’instruire, lorsqu’ils ont employé quelques heures à la lecture de quelque livre de l’Écriture, et qu’ils ont interrogé quelque ecclésiastique sur les vérités de la foi. Après cela, ils se vantent d’avoir cherché sans succès dans les livres et parmi les hommes. Mais, en vérité, je leur dirais ce que j’ai dit souvent, que cette négligence n’est pas supportable. Il ne s’agit pas ici de l’intérêt léger de quelque personne étrangère, pour en user de cette façon ; il s’agit de nous-mêmes, et de notre tout.

L’immortalité de l’âme est une chose qui nous importe si fort, qui nous touche si profondément, qu’il faut avoir perdu tout sentiment pour être dans l’indifférence de savoir ce qui en est. Toutes nos actions et nos pensées doivent prendre des routes si différentes, selon qu’il y aura des biens éternels à espérer ou non, qu’il est impossible de faire une démarche avec sens et jugement, qu’en la réglant par la vue de ce point, qui doit être notre dernier objet.

Ainsi notre premier intérêt et notre premier devoir est de nous éclaircir sur ce sujet, d’où dépend toute notre conduite. Et c’est pourquoi, entre ceux qui n’en sont pas persuadés, je fais une extrême différence de ceux qui travaillent de toutes leurs forces à s’en instruire, à ceux qui vivent sans s’en mettre en peine et sans y penser.

[...]

Cette négligence en une affaire où il s’agit d’eux-mêmes, de leur éternité, de leur tout, m’irrite plus qu’elle ne m’attendrit ; elle m’étonne et m’épouvante : c’est un monstre pour moi. Je ne dis pas ceci par le zèle pieux d’une dévotion spirituelle. J’entends au contraire qu’on doit avoir ce sentiment par un principe d’intérêt humain et par un intérêt d’amour propre.

Preuves par discours II (Laf. 428, Sel. 682). Cependant, cette éternité subsiste, et la mort, qui la doit ouvrir et qui les menace à toute heure, les doit mettre infailliblement dans peu de temps dans l’horrible nécessité d’être éternellement ou anéantis ou malheureux, sans qu’ils sachent laquelle de ces éternités leur est à jamais préparée.

Preuves par discours III (Laf. 449, Sel. 690). Et c’est pourquoi je n’entreprendrai pas ici de prouver par des raisons naturelles, ou l’existence de Dieu, ou la Trinité, ou l’immortalité de l’âme, ni aucune des choses de cette nature ; non seulement parce que je ne me sentirais pas assez fort pour trouver dans la nature de quoi convaincre des athées endurcis, mais encore parce que cette connaissance, sans Jésus-Christ, est inutile et stérile. Quand un homme serait persuadé que les proportions des nombres sont des vérités immatérielles, éternelles et dépendantes d’une première vérité en qui elles subsistent, et qu’on appelle Dieu, je ne le trouverais pas beaucoup avancé pour son salut.

Pensées diverses (Laf. 533, Sel. 457). On ne s’imagine Platon et Aristote qu’avec de grandes robes de pédants. C’étaient des gens honnêtes et comme les autres, riants avec leurs amis. Et quand ils se sont divertis à faire leurs lois et leurs politiques, ils l’ont fait en se jouant. C’était la partie la moins philosophe et la moins sérieuse de leur vie ; la plus philosophe était de vivre simplement et tranquillement.S’ils ont écrit de politique c’était comme pour régler un hôpital de fous. Et s’ils ont fait semblant d’en parler comme d’une grande chose c’est qu’ils savaient que les fous à qui ils parlaient pensent être rois et empereurs. Ils entrent dans leurs principes pour modérer leur folie au moins mal qu’il se peut.

 

2e ms Guerrier et ms Joly de Fleury (Laf. 984, Sel. 781). Mort soudaine seule à craindre, et c’est pourquoi les confesseurs demeurent chez les Grands.

 

Mots-clés : Âme – Christianisme – MoraleMort (voir Mourir)PhilosophesPlaton.