Pensées diverses II – Fragment n° 20 / 37 – Papier original : RO 11-2

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 109 p. 357  / C2 : p. 313-313 v°

Éditions de Port-Royal : Chap. IX - Injustice, & corruption de l’homme : 1669 et janvier 1670 p. 74-75 / 1678 n° 7 p. 75-76

Éditions savantes : Faugère II, 143, VI / Havet XXIV.56 bis / Brunschvicg 492 / Tourneur p. 91-1 / Le Guern 524 / Lafuma 617 (série XXIV) / Sellier 510

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Transcription diplomatique (les additions sont signalées en couleur orange)

 

                                    +

 

Qui nehait  enSoy Son amour propre  Etcet Jnstinct qui leporte

   aSefaire dieu ,   estbien aueuglé .   qui ne Voit que rien nest Si

    opposé   ala  Justice   EtalaVerité    CarJl est faux que

       ns  meritions  cela,  Et Jl est Jnjuste EtJmpossible dy arriuer

       puisquetous d emand ent  lamesme Chose    Cest donc Vne manifeste

        Jnjustice  ou ns Sommes  nez ,   dont nous nepouuons ns def aire

      EtdontJl faut ns defaire 1

         Cepend ant aucune religion    naremarqué quecefustVn peché

          ni que ns   y  fussions   nez ,    ni que dieu quens. fussions

          obligez dy resister , ni qu n’ apensé  a ns en donner les remedes

 

 

1 Z. Tourneur pense que Pascal a ajouté l’expression « , dont nous ne pouvons nous défaire et dont il faut nous défaire ». Dans cette hypothèse, Cependant débute un nouveau paragraphe, alors que c’est beaucoup moins évident si Pascal n’a ajouté que l’expression « et dont il faut nous défaire ».

Il est vraisemblable que c’est la partie « et dont il faut nous défaire » seule qui est une addition. La proposition « dont nous ne pouvons nous défaire » pouvait donner à penser qu’échapper à l’amour propre est pour Pascal radicalement impossible, alors qu’il pense que l’aide de la grâce permet d’arracher le cœur à la concupiscence. En ajoutant qu’il faut se défaire de l’amour propre, Pascal montre qu’il ne tombe pas dans l’erreur de croire la conversion impossible, mais que c’est au contraire une exigence qui s’impose à l’homme, et qui peut être remplie avec l’aide de la grâce. Il s’agirait donc d’une addition destinée à préciser que Pascal ne tombe pas dans l’une des erreurs graves des calvinistes.

La phrase qui commence par le mot Cependant passe à une tout autre idée, savoir le privilège de la religion chrétienne, qui à l’exclusion de toutes les autres, enseigne les points précédents. Il est donc concevable de conserver le passage à la ligne.