Fragment Grandeur n° 7 / 14 – Papier original : RO 222-2
Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Grandeur n° 152 p. 39 / C2 : p. 60
Éditions de Port-Royal : Chap. XXIII - Grandeur de l’homme : 1669 et janv. 1670 p. 178 / 1678 n° 1 p. 174
Éditions savantes : Faugère II, 83, XI / Havet I.2 / Brunschvicg 339 / Tourneur p. 196-1 / Le Guern 102 / Lafuma 111 / Sellier 143
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Bibliographie ✍
ERNST Pol, Approches pascaliennes, Gembloux, Duculot, 1970, p. 125. McKENNA Antony, “Pascal et le corps humain”, in Pascal, XVIIe siècle, 177, octobre-décembre 1992, p. 481-494. MEURILLON Christian, “Clés pour le lexique des Pensées : l’exemple de corps”, in GOYET Thérèse (dir.), L’accès aux Pensées de Pascal, Paris, Klincksieck, 1993, p. 125-143. |
✧ Éclaircissements
Je puis bien concevoir un homme sans mains, pieds, tête, car ce n’est que l’expérience qui nous apprend que la tête est plus nécessaire que les pieds. Mais je ne puis concevoir l’homme sans pensée.
Ce fragment rappelle la démarche de Descartes par laquelle, dans la première Méditation, éd. Alquié, II, p. 412 : « Je me considérerai moi-même comme n’ayant point de mains, point d’yeux, point de chair, point de sang, comme n’ayant aucun sens, mais croyant faussement avoir toutes ces choses ». Descartes exclut ainsi de sa nature les parties de son corps pour aboutir à l’idée que la pensée est la seule chose qui ne puisse être détachée de son être.
Voir aussi la Recherche de la vérité, éd. Alquié, Garnier, II, p. 1130. ✍
D’autres fragments marquent une idée analogue, mais en présentant la pensée comme la fin de l’homme : voir Laf. 620, Sel. 513 : L'homme est visiblement fait pour penser. C'est toute sa dignité et tout son mérite ; et tout son devoir est de penser comme il faut.
On trouve une autre anatomie, mais appliquée au ciron, et orientée dans une argumentation très différente, dans “Disproportion de l’homme”, Transition 4 (Laf. 199, Sel. 230) : Mais pour lui présenter un autre prodige aussi étonnant, qu’il recherche dans ce qu’il connaît les choses les plus délicates, qu’un ciron lui offre dans la petitesse de son corps des parties incomparablement plus petites, des jambes avec des jointures, des veines dans ses jambes, du sang dans ses veines, des humeurs dans ce sang, des gouttes dans ses humeurs, des vapeurs dans ces gouttes, que divisant encore ces dernières choses il épuise ses forces en ces conceptions et que le dernier objet où il peut arriver soit maintenant celui de notre discours.
Ce serait une pierre ou une brute
Brute : au sens de bête brute. Pierre et brute mettent sur le même plan les êtres animés et inanimés.