Fragment connu par l’édition de Port-Royal de 1678 – Le papier original est perdu

Copies manuscrites du XVIIe s. : absent de C1 et C2

Éditions de Port-Royal : chap. XXVIII - Pensées chrétiennes : 1678 n° 78 p. 266

Éditions modernes : Faugère I, 229, CLXX / Havet XXIV.51 / Brunschvicg 275 / Le Guern 756 / Lafuma 975 / Sellier 739

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Bibliographie

 

BÉNICHOU Paul, Morales du Grand Siècle, Paris, Gallimard, 1948.

FERREYROLLES Gérard, Les reines du monde. L’imagination et la coutume chez Pascal, Champion, Paris, 1995,

 

Sur la conversion, voir

BOUYER Louis, Dictionnaire théologique, Tournai, Desclée, 1963, p. 170.

DUMONCEAUX Pierre, “Conversion, convertir, étude comparative d'après les lexicographes du XVIIe siècle”, in La conversion au XVIIe siècle, p. 7-15.

Écrit sur la conversion du pécheur et Conclusion 2 (Laf. 378, Sel. 410), pour le sens religieux.

GOUHIER Henri, Blaise Pascal. Conversion et apologétique, Vrin, Paris, 1986.

LE GUERN Michel, Études sur la vie et les Pensées de Pascal, Paris, Champion, 2015, p. 39-46.

MICHON Hélène, “L’Écrit sur la conversion du pécheur : entre jansénisme et bérullisme”, in DESCOTES Dominique (dir.), Pascal auteur spirituel, Paris, Champion, 2006, p. 257-273.

THIROUIN Laurent, “I continui cominciamenti della conversione”, in ROMEO Maria-Vita e Vittorio Massimo (éd.), Riccheza e importanza degli opusculi pascaliani, Omaggio a Giuseppe Pezzino, Catania, CUECM, 2016, p. 319-335.

THIROUIN Laurent, “Se divertir, se convertir”, in DESCOTES Dominique (dir.), Pascal auteur spirituel, Paris, Champion, 2006, p. 299-322.

 

Éclaircissements

 

Les hommes prennent souvent leur imagination pour leur cœur : et ils croient être convertis dès qu’ils pensent à se convertir.

 

Bouyer Louis, Dictionnaire théologique, Tournai, Desclée, 1963, p. 170. Conversion : littéralement changement de voie, se dit de l’acte du pécheur qui revient à Dieu après en avoir été éloigné ou de l’incroyant qui accède à la foi.

Pascal revient souvent sur la manière dont les hommes préfèrent suivre les mouvements inspirés par la légèreté à ceux qui viennent du profond du cœur. Dans le présent fragment, il insiste sur deux points : primo sur l’écart qui sépare les commencements du chemin qui mène de la vie ordinaire à la conversion ; secundo, sur le fait que dans cette erreur à l’égard de laquelle on pourrait se montrer indulgent, il y a en réalité une tromperie faite à soi-même.

Thirouin Laurent, “Se divertir, se convertir”, in Descotes Dominique (dir.), Pascal auteur spirituel, Paris, Champion, 2006, p. 299-322.

Mesnard Jean, Pascal, coll. Les écrivains devant Dieu, Desclée de Brouwer, 1965, p. 21-2. « Les Pensées se définissent [...] comme un appel à la conversion, puisqu’elles sont formées, pour la plus grande partie, par les fragments d’une Apologie de la religion chrétienne contre les incroyants. Mais il convient de préciser. La conversion de l’incroyant n’est pas identique à cette conversion du chrétien que Pascal a vécue [...] dont [nous connaissons] la signification spirituelle et théologique. Pourtant, la différence est moins considérable qu’on pourrait le croire. Le chemin à parcourir par l’incroyant est plus long, mais il n’est pas substantiellement différent. Qu’est-ce, dans la perspective augustinienne, que la négation de Dieu, sinon une forme outrée de l’affirmation de soi ? Qu’est-ce que l’affirmation de Dieu, sinon une sorte de négation de soi ? La conversion de l’incroyant n’est qu’une variante de la conversion du chrétien. »

Dans ce fragment, Pascal présente non pas ce chemin que doit suivre la conversion évoquée par J. Mesnard, mais le risque que risque de courir le converti commençant trop pressé.

Sur les commencements de la vraie foi, voir les Écrits sur la grâce, Lettre sur la possibilité des commandements, Mouvement initial, 2, Début de la Lettre : rédaction élaborée, OC III, p. 657.

« 32. Car la manière dont Dieu cherche l'homme lorsqu'il lui donne les faibles commencements de la foi pour faire que l'homme lui crie dans la vue de son égarement : Seigneur, cherchez votre serviteur, est bien différente de celle dont Dieu recherche l'homme quand il exauce cette prière, et qu'il le cherche pour se faire trouver. Car celui qui disait : cherchez votre serviteur, avait sans doute déjà été cherché et trouvé. Mais parce qu'il savait bien, lui qui avait l'esprit de prophétie, qu'il y avait une autre manière dont Dieu pouvait le rechercher, il se servait de la première pour obtenir la seconde.

33. Ainsi la manière dont nous cherchons Dieu faiblement, quand il nous donne les premiers souhaits de sortir de nos engagements, est bien différente de la manière dont nous le cherchons, quand, après qu'il a rompu les liens, nous marchons vers lui en courant dans la voie de ses préceptes. »

Paul Bénichou, dans son Morales du Grand Siècle, ch. 4, p. 170, écrit l’inverse, savoir « l’esprit, dupe du cœur ». L’auteur traite en effet de l’état de la nature humaine corrompue jusqu’au fond par le péché originel. Mais Pascal se place ici du point de vue de la manière dont les mêmes hommes vivent leur conversion, et sur la manière dont les hommes usent, même dans la conversion, de l’art de se duper soi-même. Sous cet aspect, la conversion peut être usée comme une manière de se tromper soi-même, et non recherchée pour elle-même.

Voir dans Ferreyrolles Gérard, Les reines du monde. L’imagination et la coutume chez Pascal, p. 154 sq., les pages consacrées à l’imagination et l’opinion.

Thirouin Laurent, “I continui cominciamenti della conversione”, in Romeo Maria-Vita e Vittorio Massimo (éd.), Riccheza e importanza degli opusculi pascaliani, Omaggio a Giuseppe Pezzino, Catania, CUECM, 2016, p. 319-335. Sur les recommencements continus de la conversion.