Fragment Preuves de Jésus-Christ n° 13 / 24  – Papier original : RO 55-1

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Preuves de J.-C. n° 342 p. 161 / C2 : p. 191-192

Éditions de Port-Royal : Chap. XVI - Diverses preuves de Jésus-Christ : 1669 et janvier 1670 p. 127-128  / 1678 n° 1 p. 127-128

Éditions savantes : Faugère II, 322, XIX / Havet XIX.1 bis / Brunschvicg 801 / Tourneur p. 279-2 / Le Guern 292 / Lafuma 310 / Sellier 341

 

 

 

 

Dans l’édition de Port-Royal

 

Chap. XVI - Diverses preuves de Jésus-Christ : 1669 et janvier 1670 p. 127-128  /

1678 n° 1 p. 127-128

       

 

 

 

Différences constatées par rapport au manuscrit original

 

Ed. janvier 1670 1

Transcription du manuscrit

 

 

 

 [Preuves de Jésus-Christ 24 - Laf. 322, Sel. 353] 2 Et pour l’autre, l’hypothèse qu’ils aient été fourbes, est étrangement absurde. Qu’on la suive tout au long. Qu’on s’imagine ces douze hommes assemblés après la mort de Jésus-Christ, faisant le complot de dire qu’il est ressuscité. Ils attaquent par là toutes les puissances. Le cœur des hommes est étrangement penchant à la légèreté, au changement, aux promesses, aux biens. Si peu qu’un d’eux se fût démenti par tous ces attraits, et qui plus est par les prisons, par les tortures, et par la mort, ils étaient perdus. Qu’on suive cela.

 

Preuv. de Jésus‑Christ.

 

L’hypothèse des apôtres fourbes est bien absurde. Qu’on la suive tout au long, qu’on s’imagine ces douze hommes assemblés après la mort de Jésus‑Christ faisant le complot de dire qu’il est ressuscité ! Ils attaquent par là toutes les puissances. Le cœur des hommes est étrangement penchant à la légèreté, au changement, aux promesses, aux biens. Si peu que l’un de ceux‑là se fût démenti par tous ces attraits, et qui plus est par les prisons, par les tortures et par la mort, ils étaient perdus.

Qu’on suive cela !

 

 

1 Conventions : rose = glose des éditeurs ; vert = correction des éditeurs ; marron = texte non retenu par les éditeurs.

2 « Pour ne pas croire les Apôtres, il faut dire qu’ils ont été trompés, ou trompeurs. L’un et l’autre est difficile. Car, pour le premier, il n’est pas possible de s’abuser à prendre un homme pour être ressuscité. »

 

Les Portefeuilles Vallant ont conservé, p. 48, une copie du travail préparatoire à l’édition : (en couleur : différences par rapport au texte définitif)

 

 

On peut se demander s’il s’agit d’une copie figurée ou du document de travail lui-même ?

Le document propose d’abord le texte issu de Preuves de Jésus-Christ 13, puis plusieurs essais du texte issu de la première partie de Preuves de Jésus-Christ 24 (Laf. 322, Sel. 353), dont la version qui était proposée à cet état de l’étude est la suivante (en vert ci-dessus) :

« Pour ne pas croire les apôtres il faut dire qu’ils ont été trompés ou trompeurs. L’un et l’autre est difficile à imaginer car il n’est pas possible que plusieurs personnes croient avoir vu un homme après sa mort, l’avoir touché, avoir parlé et mangé avec lui, s’ils ne l’on vu en effet. ». La version définitive est différente (voir ci-dessus, note 2).

Le reste du texte ne correspond pas à ce fragment : voir Preuves de Jésus-Christ 24 - Laf. 322, Sel. 353 (Tandis que Jésus-Christ...) et Pensées diverses - Laf. 812, Sel. 658 (Le style de l’Évangile est admirable...).

 

Commentaire

 

Voir Pérouse Marie, L’invention des Pensées de Pascal. Les éditions de Port-Royal (1670-1678), Paris, Champion, 2009, p. 553.

Le manuscrit témoigne d’une tentative pour rapprocher l’argument de la réalité concrète rapportée dans les Évangiles. L’essai n’a pas été retenu dans l’édition de 1670. En revanche, les éditeurs ont cherché à renforcer la structure logique de l’argument en associant des fragments disjoints sur le manuscrit.