Fragment Loi figurative n° 24 / 31  – Papier original : RO 33 et 33 v°

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Loi figurative n° 310 p. 133-133 v° / C2 : p. 160-161

Éditions de Port-Royal : Chap. XIII - Que la Loy estoit figurative : 1669 et janvier 1670 p. 104-106  / 1678 n° 18 et 19 p. 104-106

Éditions savantes : Faugère II, 307, XXXV / Havet XVI.15 et 16 / Brunschvicg 692 / Tourneur p. 263 / Le Guern 252 / Lafuma 269 / Sellier 300

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Transcription diplomatique (les additions sont signalées en couleur orange)

 

 

 

 

1 Le déchiffrement de l’addition en interligne est difficile et problématique. Mise à part l’option adoptée par les copistes et par l’édition de Port-Royal, qui consiste à rejeter les mots qui font difficulté, deux types de solutions ont été proposés.

Première hypothèse : Pascal a complètement écrit ce qu’il voulait écrire. Dans cette pensée, plusieurs éditeurs, notamment Faugère et Havet, proposent de lire Dieu. Cette correction n’est pas indéfendable : la phrase signifierait qu’il n’y a pas d’autre ennemi de l’homme que la concupiscence qui les détourne de Dieu, et non pas Dieu ; et par symétrie qu’il n’y a pas d’autre bien que Dieu, et non pas la richesse (la terre grasse). La difficulté est que la manière dont Pascal écrit le mot Dieu, immédiatement en dessous, est très différente.

 

 

Deuxième hypothèse : il manque un mot, que Pascal a omis de compléter. C’est notamment le point de vue de Tourneur.

P. Sellier propose de suppléer le mot armées, ce qui est difficilement justifiable, car on ne voit pas bien d’où serait tiré ce mot, qui d’ailleurs ne donne pas de sens satisfaisant.

Plusieurs éditions proposent de suppléer ennemis (Lafuma, Le Guern, etc.). La justification serait alors que Pascal a été trompé par le mot ennemi qui est écrit légèrement au-dessus à droite. Pascal, qui voulait écrire ennemis, ne l’aurait pas réécrit parce que ce mot apparaît à droite. La difficulté tient à ce que l’addition de ce mot ennemis ne donne aucun sens satisfaisant. Dire qu’il n’y a pas d’autre ennemi de l’homme que la concupiscence qui ne les détourne pas des ennemis, n’a pas de sens assignable.

Il est possible en revanche que Pascal n’ait pas immédiatement trouvé le mot qui convenait.

Il a d’abord écrit : Il y en a qui voient bien qu’il n’y a pas d’autre ennemi de l’homme que la concupiscence qui les détourne de Dieu, ni d’autre bien que Dieu, et non pas une terre grasse. Désireux de mettre un élément qui balance par symétrie l’expression et non pas une terre grasse, il ajoute dans l’interligne la formule et non pas des, qu’il laisse en suspens, parce qu’il se rend compte que s’il écrit ennemis, il aboutit à un non-sens.

En revanche, lorsqu’il écrit, en fin de premier paragraphe, pour délivrer des ennemis, et qu’il en est venu un pour délivrer des iniquités, mais non des ennemis, il a trouvé le mot iniquités, ou encore péchés.

Pascal n’est pas remonté pour remplir le vide de l’addition de la deuxième ligne.

Si au lieu de ennemis on substitue iniquités, on obtient un sens satisfaisant : Il y en a qui voient bien qu’il n’y a pas d’autre ennemi de l’homme que la concupiscence qui les détourne de Dieu, et non pas des iniquités, ni d’autre bien que Dieu, et non pas une terre grasse. Le mot péchés serait aussi convenable.

Quoiqu’il en soit, la reconstitution ne peut être que très hypothétique. La lecture Dieu demeure envisageable aussi à la rigueur.

 

2 Pascal oublie parfois de marquer le s après le y comme s’il le fondait dans le y.

3 Z. Tourneur transcrit « estoit » par erreur.

 

Remarque

 

Selon Z. Tourneur, l'accolade marque la volonté de Pascal de décaler la première partie du texte (Il y en a qui voient bien [...] mais non des ennemis.) après la seconde partie (Quand David prédit [...] non la légale mais l’éternelle.). Voir l’étude des accolades de transposition (cas n° 2).