Fragment Misère n° 15 / 24 – Papier original :  RO 70-2

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Misère n° 95 p. 19 v° / C2 : p. 39

Éditions savantes : Faugère II, 130, VIII / Havet VI.40 bis / Michaut 197 / Brunschvicg 326 / Tourneur p. 186-2 / Le Guern 62 / Maeda III p. 106 / Lafuma 66 / Sellier 100

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Transcription savante (origine : Recueil des originaux)

 

 

Injustice

Il est dangereux de dire au peuple que les loix ne sont pas

justes Car il n’y 1 obeist qu’a cause qu’il 2 les croit justes c’est

pour quoy il luy faut dire en mesme temps qu’il y faut obeir

par cequ’elles sont loix comme il faut obeir 3 aux superieurs

non pas 4 parcequ’ils sont justes mais parcequ’ils sont

superieurs par la voila toute sedition prevenue si on peut faire

entendre cela et que proprement [c’est] * la deffinition de la justice

 

Notes

 

1 P. Faugère puis G. Michaut omettent le y comme dans les éditions de Condorcet et Bossut.

2 Z. Tourneur a transcrit : « qui ».

3 Le copiste de C1 a omis le texte « parce qu’elles sont loix comme il faut obeir » (saut du même au même), contrairement à C2.

4 P. Faugère puis E. Havet et G. Michaut ont omis ce mot comme dans les éditions de Condorcet et Bossut.

 

Premières éditions et copies des XVIIe - XVIIIe siècles et du début du XIXe

 

Port-Royal n’a pas retenu ce fragment.

La copie Périer le reproduit p. 111 v° : (en rouge : les différences avec les Copies C1 et C2)

Injustice.

Il est dangereux de dire au peuple que les loix ne sont pas justes. Car il n’y obéit qu’a cause qu’il les croit justes. C’est pourquoi il lui faut dire en meme temps qu’il y faut obéir parce qu’elles sont loix, comme il faut obéir aux supérieurs, non pas parce qu’ils sont justes, mais parce qu’ils sont supérieurs. Par là voilà toute sédition prévenuë, si on peut faire entendre cela. voilà tout ce qui est proprement que la définition de la justice.

Autres copies : copie de Marie-Scolastique Le Sesne de Ménilles de Théméricourt p. 68 (sans le titre) :

Il est dangereux de dire au peuple que les Loix ne sont pas justes, car il n’y obeït qu’a cause quil les croit justes, Cest pourquoy il lui faut dire en même tems quil y faut obeïr, parce quelles sont loix, Comme il faut obeïr aux supérieurs, non pas parce qu’ils sont justes, mais parce quils sont superieurs ; Par la voila toute sedition prevenuë, si l’on peut faire entendre cela,  voila ce que cest proprement que la definition de la justice.

La copie de l’Oratoire de Troyes (p. 47) reproduit un texte semblable à Théméricourt :

Il est dangereux de dire au peuple que les loix ne sont pas justes, car il n’y obeït qu’à cause qu’il les croit justes ; c’est pourquoy il faut luy dire en même tems qu’il y faut obeïr, parcequ’elles sont loix ; comme il faut obeïr aux supérieurs, non     parcequ’ils sont justes, mais parcequils sont supérieurs.       voilà toute sédition prévenuë, si l’on peut faire entendre cela. voilà ce que c’est proprement que la définition de la justice.

1er éditeur : J.-A.-N. Condorcet (1776), article V, n° 18 (sans le titre) :

Il est dangereux de dire au peuple que les loix ne sont pas justes ; car il n’    obéit qu’à cause qu’il les croit justes. C’est pourquoi il lui faut dire en même temps qu’il y faut obéir, parce qu’elles sont loix, comme il faut obéir aux Supérieurs, non      parce qu’ils sont justes, mais parce qu’ils sont Supérieurs. Par-là     toute sédition est prévenue, si on peut faire entendre cela. Voilà tout ce que c’est proprement que la définition de la justice.

Ch. Bossut (1779), t. II, p. 119, partie I, article IX, n° 10 modifie ponctuellement le texte publié par Condorcet :

Il est dangereux de dire au peuple que les lois ne sont pas justes, car il n’   obéit qu’à cause qu’il les croit justes. C’est pourquoi il lui faut dire en même temps qu’il doit obéir parce qu’elles sont lois comme il faut obéir aux supérieurs non      parce qu’ils sont justes, mais parce qu’ils sont supérieurs. Par là voilà toute sédition est prévenue si on peut faire entendre cela. Voilà tout ce que c’est  proprement  que la définition de la justice.

 puis A. Renouard (1812), p. 166, partie I, article IX, n° X, réédite le texte de Bossut.

 

* Remarque

 

Tous les éditeurs ont essayé de reproduire la dernière phrase en devinant le mot qui avait été oublié ou mal transcrit par le copiste sur le papier original : « et que proprement que la deffinition de la Justice »

Le premier transcripteur des papiers a opté pour la formule : « voila ce que c’est proprement que la definition de la justice » ; cette formulation a été recopiée dans C1 et C2.

P. Faugère puis E. Havet et L. Brunschvicg  : « et [ce] que [c’est] proprement que la définition » ;

G. Michaut : « et que [ce n’est] proprement que la définition de la justice » ; il ajoute en note « Ne pourrait-on aussi conjecturer et que c’est proprement la définition de la justice ? » ;

L. Lafuma : « et que proprement (c’est) la définition  » ; M. Le Guern : « et que proprement <c’est> la définition » ; Y. Maeda et Ph. Sellier : « et que proprement [c’est] la définition ».

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