Fragment Ordre n° 6 / 10 - Papier original : RO 27-2

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Ordre n° 10 p. 1 v° / C2 : p. 15

Éditions savantes : Faugère II, 388, Ordre / Havet XXV.199 / Brunschvicg 602 / Tourneur p. 168-6 / Le Guern 6 / Maeda I p. 41 / Lafuma 8 / Sellier 42

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Bibliographie

 

JUNGO Dom M., Le vocabulaire de Pascal étudié dans les fragments pour une apologie. Contribution à l’étude de la langue de Pascal, Paris, D’Artrey, 1950.

SUEMATSU Hisashi, “Les Pensées et le métatexte”, Équinoxe, 1, automne 1987, p. 27-53.

 

 

Éclaircissements

 

Ordre.

Voir ce qu’il y a de clair dans tout l’estat des juifs et d’incontestable.

 

Suematsu Hisashi, “Les Pensées et le métatexte”, Équinoxe, 1, automne 1987, p. 27-53. Voir p. 46, sur le fait que cela annonce les dossiers sur L'état des Juifs.

 

Incontestable

 

Jungo Dom M., Le vocabulaire de Pascal étudié dans les fragments pour une apologie. Contribution à l’étude de la langue de Pascal, Paris, D’Artrey, 1950, p. 56-57. Terme déclaré nouveau par Sorel (1671) et Bouhours (Entretiens d’Ariste et d’Eugène, 4e éd., 1673). Selon Jungo, le mot aurait été mis en faveur par les milieux précieux.

La méthode qui consiste à partir de l’incontesté pour traiter les points contestés est mise en œuvre dans les Écrits sur la grâce. Voir la Lettre sur la possibilité des commandements, L2, § 34, OC III, éd. J. Mesnard, p. 657 : « Toutes ces choses-là, qui sont sans contestation, nous conduiront insensiblement à concevoir celles qui sont contestées. » Voir sur cette démarche Mesnard Jean, Pascal, l’homme et l’œuvre, Coll. Connaissance des lettres, 5e éd., Paris, Hatier, 1967, p. 112-113.

Mais il y a une différence entre incontesté et incontestable. Incontesté marque le simple fait qu’une proposition ne fait l’objet d’aucune discussion ; incontestable marque une impossibilité de droit : c’est ce que l’on ne peut pas contester, et qui peut donc servir de base à l’accord des esprits.

D’autre part, clair et incontestable ne sont pas équivalents : il arrive que certains principes soient incontestables, mais non pas clairs. C’est le cas par exemple du péché originel, qui comporte une part de mystère.

Pascal entend donc s’appuyer sur des faits historiques à la fois incontestables et évidents. Par ces deux exigences, il cherche à respecter les principes qu’il a posés dans l’opuscule De l’esprit géométrique, II, De l’art de persuader, § 14, OC III, éd. J. Mesnard, p. 419 :

« Règles pour les axiomes.

1. N’admettre aucun des principes nécessaires sans avoir demandé si on l’accorde, quelque clair et évident qu’il puisse être.

2. Ne demander en axiome que des choses parfaitement évidentes d’elles-mêmes. »