L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 161

saurait venir là : et je mets en fait

qu’il n’y a jamais eu de Pyrrhonien effectif

et parfait. La nature soutient

la raison impuissante, et l’empêche

d’extravaguer jusqu’à ce point. Dira-

t-il au contraire, qu’il possède certainement

la vérité, lui qui, si peu qu’on

le pousse, n’en peut montrer aucun

titre, et est forcé de lâcher prise ?

Qui démêlera cet embrouillement ?

La nature confond les Pyrrhoniens, et

la raison confond les Dogmatistes.

Que deviendrez-vous donc, ô homme,

qui cherchez votre véritable

condition par votre raison naturelle ?

Vous ne pouvez fuir une de ces sectes,

ni subsister dans aucune.

Voilà ce qu’est l’homme à l’égard

de la vérité. Considérons-le maintenant

à l’égard de la félicité qu’il recherche

avec tant d’ardeur en toutes

ses actions. Car tous les hommes désirent

d’être heureux ; cela est sans

exception. Quelques différents moyens

qu’ils y emploient, ils tendent tous

à ce but. Ce qui fait que l’un va à

la guerre, et que l’autre n’y va pas,

c’est ce même désir qui est dans tous

les deux accompagné de différentes

 

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