Pensées - page 185
XXV.
Faiblesse de l’homme.
1. Ce qui m’étonne le plus est de
voir que tout le monde n’est
pas étonné de sa faiblesse. On agit
sérieusement, et chacun suit sa condition :
non pas parce qu’il est bon en effet
de la suivre, puisque la mode en
est ; mais comme si chacun savait
certainement où est la raison et la justice.
On se trouve déçu à toute heure,
et par une plaisante humilité on
croit que c’est sa faute, et non pas
celle de l’art qu’on se vante toujours
d’avoir. Il est bon qu’il y ait beaucoup
de ces gens-là au monde ; afin de montrer
que l’homme est bien capable des
plus extravagantes opinions, puisqu’il
est capable de croire qu’il n’est pas
dans cette faiblesse naturelle et inévitable,
et qu’il est au contraire dans
la sagesse naturelle.
2. La faiblesse de la raison de
l’homme paraît bien davantage en
ceux qui ne la connaissent pas, qu’en |