L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 185

 

 

 

XXV.

Faiblesse de l’homme.

 

1. Ce qui m’étonne le plus est de

voir que tout le monde n’est

pas étonné de sa faiblesse. On agit

sérieusement, et chacun suit sa condition :

non pas parce qu’il est bon en effet

de la suivre, puisque la mode en

est ; mais comme si chacun savait

certainement où est la raison et la justice.

On se trouve déçu à toute heure,

et par une plaisante humilité on

croit que c’est sa faute, et non pas

celle de l’art qu’on se vante toujours

d’avoir. Il est bon qu’il y ait beaucoup

de ces gens-là au monde ; afin de montrer

que l’homme est bien capable des

plus extravagantes opinions, puisqu’il

est capable de croire qu’il n’est pas

dans cette faiblesse naturelle et inévitable,

et qu’il est au contraire dans

la sagesse naturelle.

2.  La faiblesse de la raison de

l’homme paraît bien davantage en

ceux qui ne la connaissent pas, qu’en

 

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