L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 186

ceux qui la connaissent.

3.  Si on est trop jeune, on ne

juge pas bien. Si on est trop vieil, de

même. Si on n’y songe pas assez, si

on y songe trop, on s’entête, et l’on

ne peut trouver la vérité.

Si l’on considère son ouvrage incontinent

après l’avoir fait, on en est

encore tout prévenu. Si trop longtemps

après, on n’y entre plus.

Il n’y a qu’un point indivisible, qui

soit le véritable lieu de voir les tableaux.

Les autres sont trop près,

trop loin, trop haut, trop bas. La

perspective l’assigne dans l’art de la

peinture. Mais dans la vérité et dans

la morale, qui l’assignera ?

4.  Cette maîtresse d’erreur que

l’on appelle fantaisie et opinion, est

d’autant plus fourbe qu’elle ne l’est

pas toujours. Car elle serait règle infaillible

de vérité, si elle l’était infaillible

du mensonge. Mais étant le plus

souvent fausse ; elle ne donne aucune

marque de sa qualité, marquant de

même caractère le vrai et le faux.

Cette superbe puissance, ennemie de

la raison, qui se plaît à la contrôler

et à la dominer, pour montrer combien

 

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