Pensées - page 186
ceux qui la connaissent.
3. Si on est trop jeune, on ne
juge pas bien. Si on est trop vieil, de
même. Si on n’y songe pas assez, si
on y songe trop, on s’entête, et l’on
ne peut trouver la vérité.
Si l’on considère son ouvrage incontinent
après l’avoir fait, on en est
encore tout prévenu. Si trop longtemps
après, on n’y entre plus.
Il n’y a qu’un point indivisible, qui
soit le véritable lieu de voir les tableaux.
Les autres sont trop près,
trop loin, trop haut, trop bas. La
perspective l’assigne dans l’art de la
peinture. Mais dans la vérité et dans
la morale, qui l’assignera ?
4. Cette maîtresse d’erreur que
l’on appelle fantaisie et opinion, est
d’autant plus fourbe qu’elle ne l’est
pas toujours. Car elle serait règle infaillible
de vérité, si elle l’était infaillible
du mensonge. Mais étant le plus
souvent fausse ; elle ne donne aucune
marque de sa qualité, marquant de
même caractère le vrai et le faux.
Cette superbe puissance, ennemie de
la raison, qui se plaît à la contrôler
et à la dominer, pour montrer combien |