Pensées - page 194
la maladie nous l’ôte.
16. L’homme n’est donc qu’un
sujet plein d’erreurs ineffaçables sans
la grâce. Rien ne lui montre la vérité :
tout l’abuse. Les deux principes
de vérité, la raison, et les sens, outre
qu’ils manquent souvent de sincérité,
s’abusent réciproquement l’un l’autre.
Les sens abusent la raison par de
fausses apparences : et cette même
piperie qu’ils lui apportent, ils la reçoivent
d’elle à leur tour : elle s’en
revanche. Les passions de l’âme troublent
les sens, et leur font des impressions
fâcheuses. Ils mentent, et se
trompent à l’envi.
17. Qu’est-ce que nos principes
naturels, sinon nos principes accoutumés ?
Dans les enfants, ceux qu’ils
ont reçus de la coutume de leurs pères,
comme la chasse dans les animaux.
Une différente coutume donnera
d’autres principes naturels. Cela se
voit par expérience. Et s’il y en a d’ineffaçables
à la coutume, il y en a
aussi de la coutume ineffaçables à la
nature. Cela dépend de la disposition.
Les pères craignent que l’amour |