L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 198

à eux-mêmes ; et c’est ce qui

leur est insupportable. Aussi après

s’être chargés de tant d’affaires,

s’ils ont quelque temps de relâche,

ils tâchent encore de le perdre à quelque

divertissement qui les occupe

tout entiers, et les dérobe à eux-mêmes.

C’est pourquoi quand je me suis

mis à considérer les diverses agitations

des hommes, les périls et les

peines où ils s’exposent à la Cour, à

la guerre, dans la poursuite de leurs

prétentions ambitieuses, d’où naissent

tant de querelles, de passions, et

d’entreprises périlleuses et funestes ;

j’ai souvent dit, que tout le malheur

des hommes vient de ne savoir pas

se tenir en repos dans une chambre.

Un homme qui a assez de bien pour

vivre, s’il savait demeurer chez soi,

n’en sortirait pas pour aller sur la

mer, ou au siège d’une place : et si on

ne cherchait simplement qu’à vivre,

on aurait peu de besoin de ces occupations

si dangereuses.

Mais quand j’y ai regardé de plus

près, j’ai trouvé que cet éloignement

que les hommes ont du repos, et de

 

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