Pensées - page 198
à eux-mêmes ; et c’est ce qui
leur est insupportable. Aussi après
s’être chargés de tant d’affaires,
s’ils ont quelque temps de relâche,
ils tâchent encore de le perdre à quelque
divertissement qui les occupe
tout entiers, et les dérobe à eux-mêmes.
C’est pourquoi quand je me suis
mis à considérer les diverses agitations
des hommes, les périls et les
peines où ils s’exposent à la Cour, à
la guerre, dans la poursuite de leurs
prétentions ambitieuses, d’où naissent
tant de querelles, de passions, et
d’entreprises périlleuses et funestes ;
j’ai souvent dit, que tout le malheur
des hommes vient de ne savoir pas
se tenir en repos dans une chambre.
Un homme qui a assez de bien pour
vivre, s’il savait demeurer chez soi,
n’en sortirait pas pour aller sur la
mer, ou au siège d’une place : et si on
ne cherchait simplement qu’à vivre,
on aurait peu de besoin de ces occupations
si dangereuses.
Mais quand j’y ai regardé de plus
près, j’ai trouvé que cet éloignement
que les hommes ont du repos, et de |