Pensées - page 218
que je ne lui aie fait ?
Les hommes doivent à Dieu de recevoir
la Religion qu’il leur envoie.
Dieu doit aux hommes de ne les pas
induire en erreur.
Or ils seraient induits en erreur, si
les faiseurs de miracles annonçaient
une fausse doctrine qui ne parût pas
visiblement fausse aux lumières du
sens commun, et si un plus grand faiseur
de miracles n’avait déjà averti de
ne les pas croire.
Ainsi s’il y avait division dans l’Église,
et que les Ariens par exemple,
qui se disaient fondés sur l’Écriture
comme les Catholiques, eussent fait
des miracles, et non les Catholiques,
on eût été induit en erreur. Car
comme un homme qui nous annonce
les secrets de Dieu n’est pas digne
d’être cru sur son autorité privée ;
aussi un homme qui pour marque de la
communication qu’il a avec Dieu, ressuscite
les morts, prédit l’avenir, transporte
les montagnes, guérit les maladies,
mérite d’être cru, et on est impie
si on ne s’y rend ; à moins qu’il ne
soit démenti par quelque autre qui
fasse encore de plus grands miracles.
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