L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 218

que je ne lui aie fait ?

Les hommes doivent à Dieu de recevoir

la Religion qu’il leur envoie.

Dieu doit aux hommes de ne les pas

induire en erreur.

Or ils seraient induits en erreur, si

les faiseurs de miracles annonçaient

une fausse doctrine qui ne parût pas

visiblement fausse aux lumières du

sens commun, et si un plus grand faiseur

de miracles n’avait déjà averti de

ne les pas croire.

Ainsi s’il y avait division dans l’Église,

et que les Ariens par exemple,

qui se disaient fondés sur l’Écriture

comme les Catholiques, eussent fait

des miracles, et non les Catholiques,

on eût été induit en erreur. Car

comme un homme qui nous annonce

les secrets de Dieu n’est pas digne

d’être cru sur son autorité privée ;

aussi un homme qui pour marque de la

communication qu’il a avec Dieu, ressuscite

les morts, prédit l’avenir, transporte

les montagnes, guérit les maladies,

mérite d’être cru, et on est impie

si on ne s’y rend ; à moins qu’il ne

soit démenti par quelque autre qui

fasse encore de plus grands miracles.

 

 

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