L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 249

c’est de nous qu’elle vient, et non

pas de la vertu ; car ce n’est pas l’effet

de la piété qui commence d’être

en nous, mais de l’impiété qui y est

encore. Ôtons l’impiété, et la joie

sera sans mélange. Ne nous en prenons

donc pas à la dévotion, mais

à nous-mêmes, et n’y cherchons du

soulagement que par notre correction.

36. 1  Le passé ne nous doit point

embarrasser, puisque nous n’avons

qu’à avoir regret de nos fautes. Mais

l’avenir nous doit encore moins toucher,

puisqu’il n’est point du tout à

notre égard, et que nous n’y arriverons

peut-être jamais. Le présent est

le seul temps qui est véritablement à

nous, et dont nous devons user selon

Dieu. C’est là où nos pensées doivent

être principalement rapportées.

Cependant le monde est si inquiet

qu’on ne pense presque jamais à la

vie présente, et à l’instant où l’on

vit, mais à celui où l’on vivra. De

sorte qu’on est toujours en état de vivre

à l’avenir, et jamais de vivre

maintenant. Notre Seigneur n’a pas

voulu que notre prévoyance s’étendit

 

1 Provient de la VIIIe lettre à Mlle de Roannez.

 

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