L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 248

sans aucune tristesse. Et les Chrétiens

ont cette joie mêlée de la tristesse

d’avoir suivi d’autres plaisirs, et de

la crainte de la perdre par l’attrait de

ces autres plaisirs qui nous tentent

sans relâche. Ainsi nous devons travailler

sans cesse à nous conserver

cette crainte, qui conserve et modère

notre joie : et selon qu’on se sent

trop emporter vers l’un, se pencher

vers l’autre pour demeurer debout.

Souvenez-vous des biens dans les

jours d’affliction, et souvenez-vous

de l’affliction dans les jours de réjouissance,

dit l’Écriture, jusqu’à ce

que la promesse que Jésus-Christ

nous a faite de rendre sa joie pleine

en nous, soit accomplie. Ne nous

laissons donc pas abattre à la tristesse,

et ne croyons pas que la piété ne

consiste qu’en une amertume sans consolation.

La véritable piété, qui ne

se trouve parfaite que dans le ciel, est

si pleine de satisfactions qu’elle en

remplit et l’entrée et le progrès et le

couronnement. C’est une lumière si

éclatante qu’elle rejaillit sur tout ce

qui lui appartient. S’il y a quelque

tristesse mêlée, et surtout à l’entrée,

 

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