L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 282

l’emportement des autres ;

comme un point fixe.

32.  Les Philosophes se croient

bien fins d’avoir renfermé toute leur

Morale sous certaines divisions. Mais

pourquoi la diviser en quatre plutôt

qu’en six ? Pourquoi faire plutôt

quatre espèces de vertus que dix ?

Pourquoi la renfermer en abstine et

sustine, plutôt qu’en autre chose ?

Mais voilà, direz-vous, tout renfermé

en un seul mot. Oui ; mais cela

est inutile, si on ne l’explique ; et

dès qu’on vient à l’expliquer, et qu’on

ouvre ce précepte qui contient tous les

autres, ils en sortent en la première

confusion que vous vouliez éviter. Et

ainsi quand ils sont tous renfermés

en un, ils y sont cachés et inutiles ;

et lorsqu’on veut les développer, ils

reparaissent dans leur confusion naturelle.

La nature les a tous établis

chacun en soi-même ; et quoiqu’on

les puisse enfermer l’un dans l’autre,

ils subsistent indépendamment l’un

de l’autre. Ainsi toutes ces divisions

et ces mots n’ont guère d’autre utilité

que d’aider la mémoire, et de servir

d’adresse pour trouver ce qu’ils

 

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