Pensées - page 282
l’emportement des autres ;
comme un point fixe.
32. Les Philosophes se croient
bien fins d’avoir renfermé toute leur
Morale sous certaines divisions. Mais
pourquoi la diviser en quatre plutôt
qu’en six ? Pourquoi faire plutôt
quatre espèces de vertus que dix ?
Pourquoi la renfermer en abstine et
sustine, plutôt qu’en autre chose ?
Mais voilà, direz-vous, tout renfermé
en un seul mot. Oui ; mais cela
est inutile, si on ne l’explique ; et
dès qu’on vient à l’expliquer, et qu’on
ouvre ce précepte qui contient tous les
autres, ils en sortent en la première
confusion que vous vouliez éviter. Et
ainsi quand ils sont tous renfermés
en un, ils y sont cachés et inutiles ;
et lorsqu’on veut les développer, ils
reparaissent dans leur confusion naturelle.
La nature les a tous établis
chacun en soi-même ; et quoiqu’on
les puisse enfermer l’un dans l’autre,
ils subsistent indépendamment l’un
de l’autre. Ainsi toutes ces divisions
et ces mots n’ont guère d’autre utilité
que d’aider la mémoire, et de servir
d’adresse pour trouver ce qu’ils |