L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 289

autres circonstances dont on n’est pas

auteur l’auront disposé ; si ce n’est

que ce silence ne fasse aussi son effet

selon le tour et l’interprétation qu’il

sera en humeur d’y donner, ou selon

qu’il conjecturera de l’air du visage

et du ton de la voix : tant il est aisé

de démonter un jugement de son assiette

naturelle ; ou plutôt tant il y

en a peu de fermes et de stables.

50.  Les Platoniciens, et même

Épictète et ses sectateurs, croient

que Dieu est seul digne d’être aimé et

admiré ; et cependant ils ont désiré

d’être aimés et admirés des hommes.

Ils ne connaissent pas leur corruption.

S’ils se sentent portés à l’aimer

et à l’adorer, et qu’ils y trouvent

leur principale joie ; qu’ils s’estiment

bons à la bonne heure. Mais s’ils y

sentent de la répugnance ; s’ils n’ont

aucune pente qu’à se vouloir établir

dans l’estime des hommes ; et que

pour toute perfection ils fassent seulement

que sans forcer les hommes

ils leurs fassent trouver leur bonheur

à les aimer ; je dirai que cette perfection

est horrible. Quoi, ils ont connu

Dieu, et n’ont pas désiré uniquement

 

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