L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 314

géomètres ; parce que la Géométrie

comprend un grand nombre de principes,

et qu’une nature d’esprit peut

être telle, qu’elle puisse bien pénétrer

peu de principes jusqu’au fond,

et qu’elle ne puisse pénétrer les choses

où il y a beaucoup de principes.

Il y a donc deux sortes d’esprits,

l’un de pénétrer vivement et profondément

les conséquences des principes,

et c’est là l’esprit de justesse :

l’autre de comprendre un grand nombre

de principes sans les confondre,

et c’est là l’esprit de Géométrie. L’un

est force et droiture d’esprit, l’autre

est étendue d’esprit. Or l’un peut

être sans l’autre, l’esprit pouvant être

fort et étroit, et pouvant être aussi

étendu et faible.

Il y a beaucoup de différence entre

l’esprit de Géométrie, et l’esprit de

finesse. En l’un les principes sont palpables,

mais éloignés de l’usage commun,

de sorte qu’on a peine à tourner

la tête de ce côté-là manque

d’habitude ; mais pour peu qu’on s’y

tourne on voit les principes à plein ;

et il faudrait avoir tout à fait l’esprit

faux pour mal raisonner sur des principes

 

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