Pensées - page 328
à tout ce qu’il connaît. Il a besoin
de lieu pour le contenir, de temps
pour durer, de mouvement pour vivre,
d’éléments pour le composer, de
chaleur et d’aliments pour se nourrir,
d’air pour respirer. Il voit la lumière :
il sent les corps : enfin tout tombe
sous son alliance.
Il faut donc pour connaître l’homme,
savoir d’où vient qu’il a besoin
d’air pour subsister. Et pour connaître
l’air, il faut savoir par où il a
rapport à la vie de l’homme.
La flamme ne subsiste point sans
l’air. Donc pour connaître l’un il
faut connaître l’autre.
Donc toutes choses étant causées
et causantes, aidées et aidantes, médiatement
et immédiatement, et toutes
s’entretenant par un lien naturel
et insensible qui lie les plus éloignées
et les plus différentes, je tiens impossible
de connaître les parties sans
connaître le tout, non plus que de
connaître le tout sans connaître particulièrement
les parties.
Et ce qui achève peut-être notre
impuissance à connaître les choses,
c’est qu’elles sont simples en elles- |