Pensées - page 329
mêmes, et que nous sommes composés
de deux natures opposées et
de divers genre, d’âme et de corps :
car il est impossible que la partie qui
raisonne en nous soit autre que spirituelle.
Et quand on prétendrait que
nous fussions simplement corporels,
cela nous exclurait bien davantage
de la connaissance des choses, n’y
ayant rien de si inconcevable que de
dire que la matière se puisse connaître
soi-même.
C’est cette composition d’esprit et
de corps qui a fait que presque tous les
Philosophes ont confondu les idées
des choses, et attribué aux corps ce
qui n’appartient qu’aux esprits, et aux
esprits ce qui ne peut convenir qu’aux
corps. Car ils disent hardiment que
les corps tendent en bas, qu’ils aspirent
à leur centre, qu’ils fuient leur
destruction, qu’ils craignent le vide,
qu’ils ont des inclinations, des
sympathies, des antipathies ; qui sont
toutes choses qui n’appartiennent
qu’aux esprits. Et en parlant des esprits,
ils les considèrent comme en
un lieu, et leur attribuent le mouvement
d’une place à une autre ; qui sont |