L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 329

mêmes, et que nous sommes composés

de deux natures opposées et

de divers genre, d’âme et de corps :

car il est impossible que la partie qui

raisonne en nous soit autre que spirituelle.

Et quand on prétendrait que

nous fussions simplement corporels,

cela nous exclurait bien davantage

de la connaissance des choses, n’y

ayant rien de si inconcevable que de

dire que la matière se puisse connaître

soi-même.

C’est cette composition d’esprit et

de corps qui a fait que presque tous les

Philosophes ont confondu les idées

des choses, et attribué aux corps ce

qui n’appartient qu’aux esprits, et aux

esprits ce qui ne peut convenir qu’aux

corps. Car ils disent hardiment que

les corps tendent en bas, qu’ils aspirent

à leur centre, qu’ils fuient leur

destruction, qu’ils craignent le vide,

qu’ils ont des inclinations, des

sympathies, des antipathies ; qui sont

toutes choses qui n’appartiennent

qu’aux esprits. Et en parlant des esprits,

ils les considèrent comme en

un lieu, et leur attribuent le mouvement

d’une place à une autre ; qui sont

 

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