Pensées - page 38
à moi par le désir de trouver sa
félicité en lui-même, je l’ai abandonné
à lui ; et révoltant toutes les
créatures qui lui étaient soumises je
les lui ai rendu ennemies ; en sorte
qu’aujourd’hui l’homme est devenu
semblable aux bêtes, et dans un tel
éloignement de moi qu’à peine lui
reste-t-il quelque lumière confuse de
son auteur, tant toutes ses connaissances
ont été éteintes ou troublées.
Les sens indépendants de la raison et
souvent maîtres de la raison l’ont emporté
à la recherche des plaisirs. Toutes
les créatures ou l’affligent ou le
tentent, et dominent sur lui ou en le
soumettant par leur force, ou en le
charmant par leurs douceurs, ce qui
est encore une domination plus terrible
et plus impérieuse.
2. Voilà l’état où les hommes
sont aujourd’hui. Il leur reste quelque
instinct impuissant du bonheur de leur
première nature ; et ils sont plongés
dans les misères de leur aveuglement
et de leur concupiscence qui est devenue
leur seconde nature.
3. De ces principes que je vous
ouvre, vous pouvez reconnaître la
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