L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 38

à moi par le désir de trouver sa

félicité en lui-même, je l’ai abandonné

à lui ; et révoltant toutes les

créatures qui lui étaient soumises je

les lui ai rendu ennemies ; en sorte

qu’aujourd’hui l’homme est devenu

semblable aux bêtes, et dans un tel

éloignement de moi qu’à peine lui

reste-t-il quelque lumière confuse de

son auteur, tant toutes ses connaissances

ont été éteintes ou troublées.

Les sens indépendants de la raison et

souvent maîtres de la raison l’ont emporté

à la recherche des plaisirs. Toutes

les créatures ou l’affligent ou le

tentent, et dominent sur lui ou en le

soumettant par leur force, ou en le

charmant par leurs douceurs, ce qui

est encore une domination plus terrible

et plus impérieuse.

2.  Voilà l’état où les hommes

sont aujourd’hui. Il leur reste quelque

instinct impuissant du bonheur de leur

première nature ; et ils sont plongés

dans les misères de leur aveuglement

et de leur concupiscence qui est devenue

leur seconde nature.

3.  De ces principes que je vous

ouvre, vous pouvez reconnaître la

 

 

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