Pensées - page 37
que vous lui êtes semblable par
votre nature. Et ceux qui ont vu la
vanité de cette prétention vous ont
jeté dans l’autre précipice en vous faisant
entendre que votre nature était
pareille à celle des bêtes, et vous ont
porté à chercher votre bien dans les
concupiscences qui sont le partage
des animaux. Ce n’est pas là le moyen
de vous instruire de vos injustices.
N’attendez donc ni vérité ni consolation
des hommes. Je suis celle qui
vous ai formé, et qui puis seule vous
apprendre qui vous êtes. Mais vous
n’êtes plus maintenant en l’état où
je vous ai formé. J’ai créé l’homme
saint, innocent, parfait. Je
l’ai rempli de lumière et d’intelligence.
Je lui ai communiqué ma gloire
et mes merveilles. L’œil de l’homme
voyait alors la Majesté de Dieu. Il
n’était pas dans les ténèbres qui l’aveuglent,
ni dans la mortalité, et dans
les misères qui l’affligent. Mais il n’a
pu soutenir tant de gloire sans tomber
dans la présomption. Il a voulu
se rendre centre de lui-même, et indépendant
de mon secours. Il s’est
soustrait à ma domination : et s’égalant
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