Pensées - page 49
capable de sa communion. Mais je
voudrais lui demander si Dieu demande
autre chose de lui, sinon qu’il
l’aime et le connaisse ; et pourquoi il
croit que Dieu ne peut se rendre connaissable
et aimable à lui, puisqu’il
est naturellement capable d’amour et
de connaissance. Car il est sans doute
qu’il connaît au moins qu’il est, et
qu’il aime quelque chose. Donc s’il
voit quelque chose dans les ténèbres
où il est, et s’il trouve quelque sujet
d’amour parmi les choses de la terre,
pourquoi, si Dieu lui donne quelques
rayons de son essence, ne sera-
t-il pas capable de le connaître, et
de l’aimer en la manière qu’il lui
plaira de se communiquer à lui ? Il y
a donc sans doute une présomption
insupportable dans ces sortes de raisonnements ;
quoiqu’ils paraissent fondés
sur une humilité apparente, qui
n’est ni sincère ni raisonnable, si elle
ne nous fait confesser que ne sachant
de nous-mêmes qui nous sommes,
nous ne pouvons l’apprendre que de
Dieu.
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