L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 49

capable de sa communion. Mais je

voudrais lui demander si Dieu demande

autre chose de lui, sinon qu’il

l’aime et le connaisse ; et pourquoi il

croit que Dieu ne peut se rendre connaissable

et aimable à lui, puisqu’il

est naturellement capable d’amour et

de connaissance. Car il est sans doute

qu’il connaît au moins qu’il est, et

qu’il aime quelque chose. Donc s’il

voit quelque chose dans les ténèbres

où il est, et s’il trouve quelque sujet

d’amour parmi les choses de la terre,

pourquoi, si Dieu lui donne quelques

rayons de son essence, ne sera-

t-il pas capable de le connaître, et

de l’aimer en la manière qu’il lui

plaira de se communiquer à lui ? Il y

a donc sans doute une présomption

insupportable dans ces sortes de raisonnements ;

quoiqu’ils paraissent fondés

sur une humilité apparente, qui

n’est ni sincère ni raisonnable, si elle

ne nous fait confesser que ne sachant

de nous-mêmes qui nous sommes,

nous ne pouvons l’apprendre que de

Dieu.

 

 

 

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