Verso du fragment Vanité n° 14 - Papier original : RO 79-8 v°

Édition savantes : texte signalé mais non transcrit par Z. Tourneur p. 170-4

 

                                                                                                                                                 (voir le recto)

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Bibliographie

 

BOUYER Louis, Dictionnaire théologique, Tournai, Desclée, 1963, p. 609.

JOMBART Émile, Manuel de droit canon, Paris, Beauchesne, 1949, p. 225-226.

PASCAL, Provinciales VI et XII.

 

 

Éclaircissements

 

[...] vous avez, tome - , disp. - de S

[...] [ ]pens et vous donnez

[...] aucune simonie puisqu’il

[...] [ ]rie à donner le spirituel

[...] pour le prix.

 

Le texte mutilé de ce papier porte sur la simonie. Il existe plusieurs passages sur la simonie dans les Provinciales, mais aucun ne semble correspondre exactement à ce fragment. Peut-être s’agit-il d’une rédaction abandonnée.

 

Simonie

 

Bouyer Louis, Dictionnaire théologique, p. 609. Du nom de Simon le Mage et de l’épisode narré en Actes des Apôtres, 8, 9 sq., le mot simonie est traditionnellement attaché à tout achat ou vente de réalités spirituelles, ou de réalités temporelles inséparables des réalités spirituelles. Voir Actes des Apôtres, VIII, 18. « Lorsque Simon vit que le Saint Esprit était donné par l’imposition des mains des apôtres, il leur offrit de l’argent, 19 en disant : Accordez-moi aussi ce pouvoir, afin que celui à qui j’imposerai les mains reçoive le Saint Esprit. 20. Mais Pierre lui dit : Que ton argent périsse avec toi, puisque tu as cru que le don de Dieu s’acquérait à prix d’argent ! 21. Il n’y a pour toi ni part ni lot dans cette affaire, car ton cœur n’est pas droit devant Dieu. 22. Repens-toi donc de ta méchanceté, et prie le Seigneur pour que la pensée de ton cœur te soit pardonnée, s’il est possible ; 23. car je vois que tu es dans un fiel amer et dans les liens de l’iniquité. 24. Simon répondit : Priez vous-mêmes le Seigneur pour moi, afin qu’il ne m’arrive rien de ce que vous avez dit. ». Considérée comme un péché d’une particulière gravité, équivalent à l’hérésie ; voir Saint Thomas, in Somme théologique, IIa, IIae, q. 100. Elle entraîne la nullité de la collation de quelque bénéfice ou fonction ecclésiastique que ce soit.

Jombart Émile, Manuel de droit canon, p. 225-226. La simonie est un sacrilège réel qui consiste à échanger un bien spirituel contre un bien temporel. Il est gravement injurieux à Dieu de prétendre donner ou se procurer à prix d’or ses grâces surnaturelles : p. 225. La simonie de droit divin (interdite par la loi divine) est la volonté d’acheter ou de vendre (cela s’entend au sens large de tout contrat onéreux) moyennant une compensation d’ordre temporel (pro pretio temporali) une chose intrinsèquement spirituelle (sacrement, juridiction ecclésiastique, consécration, indulgence) ou une chose étroitement attachée à une chose spirituelle. La simonie de droit ecclésiastique consiste à donner du temporel attaché à du spirituel pour du temporel attaché à du spirituel, ou du spirituel pour du spirituel, ou même du temporel pour du temporel, si c’est interdit par l’Église à cause du danger d’irrévérence envers les choses spirituelles : p. 225-226.

Il n’y a pas simonie

1. si le temporel n’est pas donné comme paiement du spirituel, mais à l’occasion du spirituel, en vertu d’un juste titre admis par les canons ou une coutume légitime ;

2. si l’on vend un objet temporel auquel est attaché quelque chose de spirituel (un calice consacré) si l’on n’élève pas le prix à cause de ce caractère spirituel (la consécration).

Les décisions des casuistes sur la simonie ont fait l’objet de critiques sévères dans les sixième et douzième Provinciales. On y voit apparaître les termes de spirituel, de temporel, de prix.

Grégoire de Valentia (1551-1603), jésuite, enseigna à Ingolstadt et à Rome, et publia un commentaire de saint Thomas intitulé Commentariorum theologicorum tomi quatuor, in quibus omnes quaestiones quae continentur in Summa theologica D. Thomae Aquinatis, ordine explicantur (Lyon, 3e éd.).

Provinciale VI, § 13. « Commençons, dit le Père, par les Bénéficiers. Vous savez quel trafic on fait aujourd’hui des Bénéfices ; et que s’il fallait s’en rapporter à ce que S. Thomas et les anciens en ont écrit, il y aurait bien des Simoniaques dans l’Église. Et c’est pourquoi il a été fort nécessaire que nos Pères aient tempéré les choses par leur prudence, comme ces paroles de Valentia, qui est l’un des 4 animaux d’Escobar, vous l’apprendront. C’est la conclusion d’un long discours, où il en donne plusieurs expédients, dont voici le meilleur à mon avis. C’est en la page 2042 du tome 3. Si l’on donne un bien temporel pour un bien spirituel, c’est-à-dire de l’argent pour un bénéfice ; et qu’on donne l’argent comme le prix du bénéfice, c’est une simonie visible. Mais si on le donne comme le motif qui porte la volonté du bénéficier à le résigner, non tanquem pretium beneficii, sed tanquam motivum ad resignandum, ce n’est point simonie, encore que celui qui résigne, considère et attende l’argent comme sa fin principale. Tannerus, qui est encore de notre Société, dit la même chose dans son tome 3, p. 1519. quoiqu’il avoue que saint Thomas y est contraire, en ce qu’il enseigne absolument que c’est toujours simonie de donner un bien spirituel pour un temporel, si le temporel en est la fin. Par ce moyen nous empêchons une infinité de simonies. Car qui serait assez méchant pour refuser en donnant de l’argent pour un bénéfice, de porter son intention à le donner comme un motif qui porte le bénéficier à le résigner, au lieu de le donner comme le prix du bénéfice : personne n’est assez abandonné de Dieu pour cela. Je demeure d’accord, lui dis-je, que tout le monde a des grâces suffisantes pour faire un tel marché. Cela est assuré, repartit le Père. »

Provinciale XII, 11. « Pour le second point qui regarde la Simonie, avant que de répondre aux reproches que vous me faites, je commencerai par l’éclaircissement de votre doctrine sur ce sujet. Comme vous vous êtes trouvés embarrassés entre les Canons de l’Église qui imposent d’horribles peines aux simoniaques, et l’avarice de tant de personnes qui recherchent cet infâme trafic, vous avez suivi votre méthode ordinaire, qui est d’accorder aux hommes ce qu’ils désirent, et donner à Dieu des paroles et des apparences. Car qu’est-ce que demandent les simoniaques, sinon d’avoir de l’argent en donnant leurs bénéfices ? Et c’est cela que vous avez exempté de simonie. Mais parce qu’il faut que le nom de simonie demeure, et qu’il y ait un sujet où il soit attaché, vous avez choisi pour cela une idée imaginaire, qui ne vient jamais dans l’esprit des simoniaques, et qui leur serait inutile, qui est d’estimer l’argent considéré en lui-même autant que le bien spirituel considéré en lui-même. Car qui s’aviserait de comparer des choses si disproportionnées, et d’un genre si différent ? Et cependant pourvu qu’on ne fasse pas cette comparaison métaphysique, on peut donner son bénéfice à un autre, et en recevoir de l’argent sans simonie selon vos Auteurs.

§ 12. C’est ainsi que vous vous jouez de la Religion, pour suivre la passion des hommes : et voyez néanmoins avec quelle gravité votre Père Valentia débite ses songes à l’endroit cité dans mes Lettres tom. 3. disp. 16. p. 3. p. 2044. On peut, dit-il, donner un bien temporel pour un spirituel en deux manières : l’une en prisant davantage le temporel que le spirituel, et ce serait simonie ; l’autre en prenant le temporel comme le motif et la fin qui porte à donner le spirituel, sans que néanmoins on prise le temporel plus que le spirituel ; et alors ce n’est point simonie ; Et la raison en est, que la simonie consiste à recevoir un temporel comme le juste prix d’un spirituel. Donc si on demande le temporel : si petatur temporale : non pas comme le prix, mais comme le motif qui détermine à le conférer, ce n’est point du tout simonie, encore qu’on ait pour fin et attente principale la possession du temporel : Minime erit simonia, etiamsi temporale principaliter intendatur et expectetur. Et votre grand Sanchez n’a-t-il pas eu une pareille révélation au rapport d’Escobar tr. 6. ex. 2. n. 40. Voici ses mots : Si on donne un bien temporel pour un bien spirituel, non pas comme PRIX, mais comme un MOTIF qui porte le collateur à le donner, ou comme une reconnaissance si on l’a déjà reçu est-ce simonie ? Sanchez assure que non. Vos thèses de Caen, de 1644. C’est une opinion probable enseignée par plusieurs catholiques, que ce n’est pas simonie de donner un bien temporel pour un spirituel, quand on ne le donne pas comme prix. Et quant à Tannerus, voici sa doctrine pareille à celle de Valentia, qui fera voir combien vous avez tort de vous plaindre de ce que j’ai dit qu’elle n’est pas conforme à celle de S. Thomas, puisque lui-même l’avoue au lieu cité dans ma Lettre, t. 3. d. 5. p. 1519. Il n’y a point, dit-il, proprement et véritablement de simonie, sinon à prendre un bien temporel comme le prix d’un spirituel : mais quand on le prend comme un motif qui porte à donner le spirituel ; ou comme en reconnaissance de ce qu’on l’a donné, ce n’est point simonie, au moins en conscience. Et un peu après. Il faut dire la même chose, encore qu’on regarde le temporel comme sa fin principale, et qu’on le préfère même au spirituel : quoique S. Thomas et d’autres semblent dire le contraire, en ce qu’ils assurent, que c’est absolument simonie de donner un bien spirituel pour un temporel, lorsque le temporel en est la fin. »