Fragment Vanité n° 14 / 38 Papier original : RO 79-8

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Vanité n° 31 p. 7 / C2 : p. 19 et 20

Éditions savantes : Faugère I, 178, IV / Havet V.7 bis / Brunschvicg 330 / Tourneur p. 170-4 / Le Guern 24 / Maeda I p. 120 / Lafuma 26 / Sellier 60

 

                                                                                                            (voir aussi un texte mutilé écrit au verso)

 

 

La puissance des rois est fondée sur la raison et sur la folie du peuple, et bien plus sur la folie. La plus grande et importante chose du monde a pour fondement la faiblesse. Et ce fondement‑là est admirablement sûr, car il n’y a rien de plus [sûr] que cela que le peuple sera faible. Ce qui est fondé sur la saine raison est bien mal fondé, comme l’estime de la sagesse.

 

 

 

Ce texte propose une réflexion d’ordre politique : l’ordre social témoigne de la vanité humaine en premier lieu parce que le peuple est faible par nature, en raison de sa folie, et cet ordre social est fondé sur cette faiblesse. Non seulement les hommes sont faibles, mais ils appuient leur société sur cette faiblesse.

 

Analyse détaillée...

Fragment connexe

 

Fausseté des autres religions 9 (Laf. 211, Sel. 244). On a fondé et tiré de la concupiscence des règles admirables de police, de morale et de justice. Mais dans le fond, ce vilain fond de l’homme, ce figmentum malum n’est que couvert. Il n’est pas ôté.

 

Texte connexe

 

Laf. 977, Sel. 786 (Portefeuille Vallant). Les choses du monde les plus déraisonnables deviennent les plus raisonnables à cause du dérèglement des hommes. Qu’y a-t-il de moins raisonnable que de choisir, pour gouverner un État, le premier fils d’une reine ? L’on ne choisit pas pour gouverner un bateau celui des voyageurs qui est de meilleure maison. Cette loi serait ridicule et injuste ; mais parce qu’ils le sont et le seront toujours, elle devient raisonnable et juste, car qui choisira-t-on ? Le plus vertueux et le plus habile ? Nous voilà incontinent aux mains, chacun prétend être ce plus vertueux et ce plus habile. Attachons donc cette qualité à quelque chose d’incontestable. C’est le fils aîné du roi ; cela est net ; il n’y a point de dispute. La raison ne peut mieux faire car la guerre civile est le plus grand des maux. (Voir l’étude de ce texte dans Raisons des effets 13 - Laf. 94, Sel 128 et Vanité 18 - Laf. 30, Sel. 64)

 

Mots-clés : FaiblesseFoliePuissanceRaisonRoiSagesse.