Pensées diverses I – Fragment n° 12 / 37 – Papier original : RO 110-2

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 93 p. 335-335 v°  / C2 : p. 287-287 v°

Un § a été ajouté dans l’édition de 1678 : Chap. XXXI - Pensées diverses : 1678 n° 36 p. 333

Éditions savantes : Faugère I, 255, XXVII ; I, 189, XXXIII ; I, 257, XXX / Havet VII.23 et XXV.63 / Brunschvicg 45 et 114 / Tourneur p. 76-4 / Le Guern 479 / Lafuma 557 et 558 (série XXIII) / Sellier 465

 

 

 

 

 

A été ajouté dans l’édition de Port-Royal de 1678

 

Chap. XXXI - Pensées diverses : 1678 n° 36 p. 333

       

 

Différences constatées par rapport au manuscrit original

 

Ed. 1678 1

Transcription du manuscrit

 

 Une langue à l’égard d’une autre, est un chiffre où les mots sont changés en mots, et non les lettres en lettres. Ainsi une langue inconnue est déchiffrable.

 

 

Les langues sont des chiffres, où non les lettres sont changées en lettres, mais les mots en mots. De sorte qu’une langue inconnue est déchiffrable.

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La diversité est si ample que tous les tons de voix, tous les marchers, toussers, mouchers, éternuements [sont différents]. On distingue des fruits les raisins, et entre ceux‑là les muscats, et puis Condrieu, et puis Desargues, et puis cette ente. Est‑ce tout ? En a‑t‑elle jamais produit deux grappes pareilles ? Et une grappe a‑t‑elle deux grains pareils ? etc.

Je n’ai jamais jugé d’une même chose exactement de même. Je ne puis juger d’un ouvrage en le faisant. Il faut que je fasse comme les peintres et que je m’en éloigne, mais non pas trop. De combien donc ? Devinez.

 

 

1 Conventions : rose = glose des éditeurs ; vert = correction des éditeurs ; marron = texte non retenu par les éditeurs.

 

Commentaire

Il est vraisemblable que la deuxième partie du texte a été supprimée par les éditeurs parce que la référence à Desargues ne pouvait pas être comprise par le public, qui ne connaissait guère le petit monde des savants. D’autre part, la diversité même des exemples choisis par Pascal a pu paraître toucher à l’incohérence.

Les éditeurs semblent aussi avoir pris une certaine distance par rapport à la rédaction initiale de la première note. L’assimilation directe des langues à des chiffres a pu leur sembler trop brutale ; ils ont préféré passer d’une affirmation absolue à une relative, et écrire que c’est par rapport à une autre langue que chaque langue peut être assimilée à un chiffre.