Pensées diverses I – Fragment n° 37 / 37 – Papier original : RO 142-6
Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 103 p. 345 v° / C2 : p. 299 v°
Éditions savantes : Faugère II, 404 / Brunschvicg 186 / Tourneur p. 83-1 / Le Guern 504 / Lafuma 591 (série XXIII) / Sellier 490
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Bibliographie ✍
SELLIER Philippe, Pascal et saint Augustin, Paris, Colin, 1970. |
✧ Éclaircissements
Ne si terrerentur et non docerentur improba quasi dominatio videretur. Aug., Ep. 48 ou 49.
La Lettre à Vincent qui porte le n° 93 dans les éditions modernes, correspond à la lettre 48 dans l’édition de Louvain. Pascal cite apparemment sans avoir l’original sous les yeux. Tr. : « Si l’on usait de la terreur sans pratiquer l’enseignement, cela se présenterait comme une tyrannie ». Voir dans le commentaire du fragment Soumission 6 (Laf. 172, Sel. 203) le texte correspondant, et le problème de l’emploi de la force dans la conversion des incrédules.
Voir l’excellent commentaire de Sellier Philippe, Pascal et saint Augustin, p. 218 sq. ✍
Quatrième tome : Contra mendacium, ad Consentium.
Philippe Sellier, Pascal et saint Augustin, p. 219, sur la citation du Contra mendacium. La référence au tome IV correspond aux Œuvres complètes de saint Augustin dans l’édition de Louvain ; il contient le livre Contre le mensonge adressé à Consentius. L’évêque Consentius envisageait d’envoyer chez les hérétiques priscillanistes des catholiques qui feraient semblant d’adopter l’hérésie, pour démasquer ceux qui se disaient faussement catholiques. Augustin rejette cette méthode : l’éclat de la vérité doit suffire à convertir les hommes. Selon Philippe Sellier, Pascal comptait mettre saint Augustin en contradiction avec lui-même pour ce qui touche le recours à la contrainte. Augustin envoyait à Consentius le livre d’un évêque hérétique qui recommandait le mensonge au nom d’exemples tirés de l’Écriture (par exemple dans le cas d’Abraham). Saint Augustin répond que la foi ne doit pas user de pareils détours.
Philippe Sellier, Pascal et saint Augustin, p. 219, remarque à juste titre que les mensonges que saint Augustin dénonce sont de même ordre que ceux que les jésuites préconisent à l’époque de Pascal pour permettre aux chinois convertis de pratiquer le culte chrétien. Voir Provinciale XI, éd. Cognet, p. 203-204, où Pascal pose pour première règle l’exclusion du mensonge : « La première de ces règles est que l'esprit de piété porte toujours à parler avec vérité et sincérité ; au lieu que l'envie et la haine emploient le mensonge et la calomnie : splendentia et vehementia, sed rebus veris, dit saint Augustin. Quiconque se sert du mensonge agit par l'esprit du diable. Il n'y a point de direction d'intention qui puisse rectifier la calomnie : et quand il s'agirait de convertir toute la terre, il ne serait pas permis de noircir des personnes innocentes ; parce qu'on ne doit pas faire le moindre mal pour en faire réussir le plus grand bien, et que la vérité de Dieu n'a pas besoin de notre mensonge, selon l'Écriture. Il est du devoir des défenseurs de la vérité, dit saint Hilaire, de n'avancer que des choses vraies. » Voir surtout la Provinciale XV, qui est entièrement consacrée au problème du mensonge et de la calomnie.