Contre la fable d’Esdras – Fragment n° 1 / 4 – Papier original : RO 163-4

Copie manuscrite du XVIIe s. : C2 : p. 221 (absent de C1)

Éditions savantes : Faugère II, 195, XVI / Havet XXV.141 / Brunschvicg 633 / Tourneur p. 299-1 / Le Guern 709 / Lafuma 949 / Sellier 415

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Bibliographie

 

 

BARONIUS, Annales sacrées et ecclésiastiques contenant tout ce qui est advenu de mémorable dans l’Église et dans les empires et royaumes depuis la création du monde jusques à maintenant, divisées en six tomes (...) mises en français par Pierre Coppin, seconde édition, Paris, Jacques d’Allin, 1656.

BERNIER Jean, La critique du Pentateuque de Hobbes à Calmet, Paris, Champion, 2010.

BRIANT Pierre, Histoire de l’empire perse. De Cyrus à Alexandre, Paris, Fayard, 1996.

CAZELLE Henri (dir.), Introduction critique à l’Ancien Testament, Paris, Desclée, 1973.

CHÉDOZEAU Bernard, L’Univers biblique catholique au siècle de Louis XIV. La Bible de Port-Royal, vol. 1, Paris, Champion, 2013.

DELASSAULT Geneviève, Le Maistre de Saci et son temps, Paris, Nizet, 1957.

Esdras et Nehemias traduits en français, Paris, Desprez, 1693.

FLAVIUS JOSÈPHE, Histoire ancienne des Juifs, tr. Arnauld d’Andilly, éd. Lidis-Brepols, 1981.

GOUHIER Henri, Blaise Pascal. Commentaires, 2e éd., Paris, Vrin, 1971.

LHERMET J., Pascal et la Bible, Paris, Vrin, 1931.

ODELAIN O. et SÉGUINEAU R., Dictionnaire des noms propres de la Bible, Paris, Cerf et Desclée de Brouwer, 1978, p. 132-133.

Port-Royal et le peuple d’Israël, Chroniques de Port-Royal, 53, Paris, Bibliothèque Mazarine, 2004.

ROBERT A. et FEUILLET A. (dir.), Introduction à la Bible, tome I, Tournai, Desclée, 1957.

 

 

Éclaircissements

 

Contre la fable d’Esdras.

 

Le manuscrit témoigne qu’il s’agit d’un titre.

Dans le quatrième livre d’Esdras, qui ne figure pas dans le canon de la Bible catholique, on lit au chapitre XIV que le texte de l’Écriture aurait brûlé dans l’incendie du Temple en 587 et qu’Esdras l’aurait reconstitué sous l’inspiration divine. Ce IVe livre d’Esdras est aujourd’hui considéré comme apocryphe, est encore reconnu comme authentique au début du XVIIe siècle, et se trouve dans la Bible de Louvain de 1515. Le passage sur lequel Pascal réfléchit est le chapitre XIV, 22-48. Pascal s’élève contre cette « fable », qui introduit une rupture dans la tradition qui conduit à saper son autorité.

 

2, Macch., 2.

 

Bible de Jérusalem, notice, p. 585 sq. La Bible, traduction de Lemaître de Sacy, éd. Ph. Sellier, coll. Bouquins, 1990, p. 1195.

Chédozeau Bernard, L’Univers biblique catholique au siècle de Louis XIV. La Bible de Port-Royal, vol. 1, Paris, Champion, 2013, p. 600 sq.

Delassault Geneviève, Le Maistre de Sacy et son temps, p. 201-202. Pascal considère comme une « fable » la reconstitution d’Esdras. Contre cette attribution, il donne plusieurs arguments. Le témoignage des Maccabées prouve que le Pentateuque n’a pas été brûlé dans l’incendie du Temple. Voir le IIe Livre des Maccabées, II, 1-2. « 1. Or on trouve dans les écrits du prophète Jérémie qu’il commanda à ceux qui allaient de Judée en un pays étranger de prendre le feu sacré, comme on l’a marqué auparavant, et qu’il leur donna des préceptes lorsqu’ils étaient sur le point d’être transférés ; 2. Et il leur enjoignit très expressément de n’oublier pas les ordonnances du Seigneur, et de ne pas tomber dans l’égarement d’esprit, en voyant les idoles d’or et d’argent avec tous leurs ornements. »

Voir Contre la fable d’Esdras 3 (Laf. 953, Sel. 417), qui revient sur le même passage.

Voir Preuves de Moïse sur le Pentateuque en général.

 

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Josèphe, Ant., XI, 1. Cyrus prit sujet de la prophétie d’Isaïe de relâcher le peuple.

Les Juifs avaient des possessions paisibles sous Cyrus en Babylone. Donc ils pouvaient bien avoir la Loi.

 

Hadas-Lebel Mireille, Flavius Josèphe. Le Juif de Rome, Paris, Fayard, 1989.

Josèphe Flavius, Histoire ancienne des Juifs, tr. Arnauld d’Andilly, éd. Lidis-Brepols, 1981.

Josèphe Flavius, Histoire des Juifs écrite par Flavius Josèphe sous le titre de Antiquités judaïques. Traduites sur l’original grec revu sur divers manuscrits par Monsieur Arnauld d’Andilly. Troisième édition, Paris, chez Pierre Le Petit, MDCLXX. Privilège du 17 août 1652.

Historien juif, né vers 38, mort vers 100 après Jésus-Christ. De famille aristocratique, il prit part aux guerres contre Rome, et dut se rendre à Vespasien, qui devint son protecteur. À la demande de l’empereur, il composa l’histoire de la guerre des Juifs et des Antiquités juives. Il composa aussi une Autobiographie et un Contre Apion. Ses œuvres ont été traduites par Arnauld d’Andilly.

Flavius Josèphe écrit, dans ses Antiquités judaïques, XI, 1, que « en la première année du règne de Cyrus, roi de Perse, soixante-dix ans après que les tribus de Juda et de Benjamin eurent été menées captives à Babylone, Dieu, touché de compassion de leurs souffrances, accomplit ce qu’il avait promis par le prophète Jérémie avant même la ruine de Jérusalem : qu’après que nous aurions passé soixante-dix ans dans une dure servitude sous Nabuchodonosor et ses descendants, nous retournerions en notre pays, rebâtirions le Temple, et jouirions de notre première félicité. Ainsi il mit dans le cœur de Cyrus d’écrire cette lettre, et de l’envoyer par toute l’Asie : « Nous croyons que le Dieu tout-puissant qui nous a établi roi de toute la terre est le Dieu que le peuple d’Israël adore ; car il a prédit par ses prophètes que nous porterions le nom que nous portons, et que nous rétablirions le Temple de Jérusalem consacré en son honneur dans la Judée » (tr. Arnauld d’Andilly). C’est le début du processus qui a conduit à la permission donné aux Juifs de retourner dans leur terre. Voir sur ce point les indications du dossier Esdras.

L’argument de Pascal est négatif, mais inspiré par le réalisme. Les Juifs déportés à Babylone y avaient trouvé un lieu favorable à leurs affaires, à telle enseigne que, lorsqu’il leur fut permis de retourner dans leur pays, un certain nombre d’entre eux décida de demeurer à Babylone. Sachant que la Loi était leur bien le plus précieux, le fait qu’ils aient eu des possessions moins précieuses suppose qu’a fortiori ils pouvaient avoir disposé des Écritures.

 

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Josèphe en toute l’histoire d’Esdras ne dit pas un mot de ce rétablissement.

 

Rétablissement : entendre la reconstitution de l’Écriture qu’Esdras est censé avoir réalisée d’après Esdras IV. Voir le dossier Esdras.

Voir Josèphe Flavius, Histoire ancienne des Juifs, XI, 5, tr. Arnauld d’Andilly, Lidis, 1981, p. 347, qui ne dit en effet rien de tel sur ce sujet.

 

4, Rois, 17, 27.

 

IVe Livre des Rois, XVII, 27. « Alors le roi des Assyriens leur donna cet ordre, et leur dit : Envoyez en Samarie l’un des prêtres que vous avez emmenés captifs ; qu’il y retourne, et demeure avec ces peuples, afin qu’ils apprennent le culte qui doit être rendu au Dieu du pays ».

Voir le commentaire de l’éd. Sellier-Ferreyrolles, p. 1031 : « ce passage montre, sur l’exemple d’une première déportation (celle qui suivit la chute du royaume d’Israël en 721 avant Jésus-Christ), la conservation de la Loi à travers des pires catastrophes politiques et humaines ». La référence renvoie à un cas où l’existence des Juifs était malheureuse, mais où leur loi n’en était pas détruite pour autant, bien au contraire. Même dans les pires situations, la Loi a été préservée.

Le titre du chapitre dans la Bible de Port-Royal résume la situation : « Salmanasar sachant qu’Osée roi d’Israël pensait aux moyens de secouer le joug des Assyriens, vint affliger Samarie, et après l’avoir prise, il transfère les Israélites en Assyrie, et envoie des colonies de ses sujets dans le pays de Samarie, où ils adorent en même temps le vrai Dieu et leurs idoles ».