Contre la fable d’Esdras – Fragment n° 4 / 4 – Papier original : RO 247-1
Copie manuscrite du XVIIe s. : C2 : p. 223-224 (absent de C1)
Éditions savantes : Faugère II, 194, XV / Havet XXV.141 / Brunschvicg 632 / Tourneur p. 298 / Le Guern 710 / Lafuma 953 / Sellier 418
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Bibliographie ✍
BARONIUS, Annales sacrées et ecclésiastiques contenant tout ce qui est advenu de mémorable dans l’Église et dans les empires et royaumes depuis la création du monde jusques à maintenant, divisées en six tomes (...) mises en français par Pierre Coppin, seconde édition, Paris, Jacques d’Allin, 1656. BERNIER Jean, La critique du Pentateuque de Hobbes à Calmet, Paris, Champion, 2010. BRIANT Pierre, Histoire de l’empire perse. De Cyrus à Alexandre, Paris, Fayard, 1996. CAZELLE Henri (dir.), Introduction critique à l’Ancien Testament, Paris, Desclée, 1973. CHÉDOZEAU Bernard, L’Univers biblique catholique au siècle de Louis XIV. La Bible de Port-Royal, vol. 1, Paris, Champion, 2013. COHEN Lionel (Yehuda Arye), Une polémique judéo-chrétienne au Moyen Âge et ses rapports avec l’analyse pascalienne de la religion juive, Reprint of Bar Ilan, volume in Humanities and social sciences, Jérusalem, 1969. DELASSAULT Geneviève, Le Maistre de Saci et son temps, Paris, Nizet, 1957. Esdras et Nehemias traduits en français, Paris, Desprez, 1693. GOUHIER Henri, Blaise Pascal. Commentaires, 2e éd., Paris, Vrin, 1971. JOSÈPHE Flavius, Histoire ancienne des Juifs, tr. Arnauld d’Andilly, éd. Lidis-Brepols, 1981. JOSÈPHE Flavius, Histoire des Juifs écrite par Flavius Josèphe sous le titre de Antiquités judaïques. Traduites sur l’original grec revu sur divers manuscrits par Monsieur Arnauld d’Andilly. Troisième édition, Paris, chez Pierre Le Petit, MDCLXX. Privilège du 17 août 1652. LHERMET J., Pascal et la Bible, Paris, Vrin, 1931. ODELAIN O. et SÉGUINEAU R., Dictionnaire des noms propres de la Bible, Paris, Cerf et Desclée de Brouwer, 1978, p. 132-133. PHILON d’ALEXANDRIE, Philonis Judaei omnia quae extant opera, tr. Turnèbe et Hoeschel, II, 2, Paris, 1640. PHILON d’ALEXANDRIE, Œuvres de Philon Juif, tr. F. Morel, Paris, J. Bessin, 1619. Port-Royal et le peuple d’Israël, Chroniques de Port-Royal, 53, Paris, Bibliothèque Mazarine, 2004. ROBERT A. et FEUILLET A. (dir.), Introduction à la Bible, tome I, Tournai, Desclée, 1957. TERTULLIEN, Opera quae hactenus reperiri potuerunt omnia, Paris, éd. Pamelius, 1616. |
✧ Éclaircissements
Ce recueil de textes répond à un souci d’intelligence historique : Pascal ne se contente pas de récuser la fable d’Esdras ; il cherche aussi à savoir d’où cette légende est née et sur quelles autorités elle se fonde. Pour le cadre dans lequel se placent ces citations et leur commentaire, voir le dossier thématique Esdras.
Tertullien : Perinde potuit abolefactam eam violentia cataclysmi, in spiritu rursus reformare : quemadmodum et Hierosolymis babylonia expugnatione deletis, omne instrumentum Judaicæ litteraturæ per Esdram constat restauratum. Tert., lib. I, De cultu femin., c. 3.
Il dit que Noé a pu aussi bien rétablir en esprit le livre d’Énoch perdu par le Déluge, qu’Esdras a pu rétablir les Écritures perdues durant la captivité.
Sur Tertullien, voir Encyclopédie saint Augustin, p. 1397 sq. La vie de Quintus Septimus Florentius, auteur ecclésiastique latin né à Carthage vers 160, de parents païens, et mort vers 240, est mal connue. Converti vers 195, il est ordonné prêtre vers 196, et prend la défense des chrétiens. Il adopte par la suite la doctrine de la secte des montanistes. On ne sait s’il s’est ensuite rallié à l’Église. On distingue dans ses œuvres les livres orthodoxes, dont l’autorité est reconnue, de ceux qui sont entachés d’hérésie. Ses œuvres disciplinaires concernent les devoirs de la foi, sur les sacrements (De baptismo, De paenitentia) et la vie morale (De spectaculis, De cultu feminarum). L’Apologétique et le livre Les spectacles sont restés célèbres.
Simon M. et Benoit A., Le judaïsme et le christianisme antique, Paris, P. U. F., 1968, p. 166-167.
Pascal le cite dans la XIe Provinciale, contre les jésuites, éd. Cognet, Garnier, p. 199.
La leçon de cultu femin. est indiscutable dans le manuscrit. Mais elle est erronée : le texte vient du De habitu feminarum liber, ch. III, in Opera quae hactenus reperiri potuerunt omnia, Paris, éd. Pamelius, 1616, p. 258, et non du De cultu feminarum liber. L’erreur vient peut-être du copiste.
Le texte latin exact est le suivant : « Proinde potuit abolefactam eam violentia cataclysmi, in spiritu rursus reformare : quemadmodum et Hierosolymis Babylonia expugnatione deletis, omne instrumentum Judaicae litteraturae per Esdram constat restauratum. »
La leçon du manuscrit des Pensées est indiscutablement perinde (de la même manière), et non proinde (donc, par conséquent) qui est celle de l’édition de Tertullien. Il faut donc maintenir perinde, qui se trouve sur le manuscrit de Pascal.
Le verbe est, donné par certains éditeurs avant omne instrumentum, ne figure pas sur le manuscrit. Il manque aussi sur le texte que Pascal a fait copier. Il n’a du reste pas de sens et doit être supprimé. Voir la transcription diplomatique.
La différence entre deleta et deletis est moins claire (Voir la transcription diplomatique). La forme deleta n’est pas recevable : Babylonia deleta supposerait que c’est Babylone qui aurait été détruite, ce qui est absurde. Deletis est en fait un ablatif pluriel accordé à Hierosolymis (Jérusalem), ablatif de Hierosolyma (génitif : Hierosolymorum).
Traduction de Tertullien, I, 3 : Noé « a pu aussi bien rétablir en esprit [le livre d’Énoch] détruit par la violence du cataclysme, qu’Esdras, après la destruction de Jérusalem sous les coups des Babyloniens, a reconstitué, [...] tout le corpus des Écritures hébraïques ». Voir le contexte dans De l’ornement des femmes, in Œuvres de Tertullien, tr. De Genoude, III, Vivès, 1852, p. 308.
Voir GEF XIV, p. 74. Brunschvicg note que « la citation est copiée d’une main étrangère », et nos commentaires sur le manuscrit. C’est peut-être ce qui explique les erreurs.
Ce passage est suivi d’une note explicative, p. 261 dans les Opera quae hactenus reperiri potuerunt omnia, Paris, éd. Pamelius, 1616.
« Similiter Irenaeus lib. 3. Adv. Hereses c. 25. In ea (inquit) captivitate populi quae facta est a Nabuchodonor corruptis sceipturis, et post 70 annos Judaeis descendentibus in regionem suam, et post deinde temporibus Artaxerxis Persarum Regis, inspiravit Deus Esdrae sacerdoti tribus Levi praeteritorum prophetarum omnes rememorare sermons, et restituere populo eam legemn quae data esset per Moysen. Hinc etiam B. Hieron., lib. I adversus Helvidium Esdram restoratorem Pentateuchi nuncupat : et alibi scribit, quod scripturas sacras jam dispersas eodem spiritu, quo ante scriptae errant, restituit : Eodem pertinent illud B. Isidori Etym. l. 6, Hebraei (inquit) vetus Testamentum Esdra Auctore juxta numerum litterarum sacrarum in 22 libris accipiunt, dividentes oes in tres ordines, Legis scilicet, Prophetarum, et Hagiographorum, etc. »
♦ Énoch
Genèse, V, 21. « Hénoc, âgé de soixante-cinq ans, engendra Metuschélah. 22. Hénoc, après la naissance de Metuschélah, marcha avec Dieu trois cents ans ; et il engendra des fils et des filles. 23. Tous les jours d’Hénoc furent de trois cent soixante-cinq ans. 24. Hénoc marcha avec Dieu ; puis il ne fut plus, parce que Dieu le prit. » Patriarche, fils de Jarel et père de Mathusalem ; Énoch vécut 365 ans, obéissant à Dieu, mais « ne parut plus, parce que Dieu le prit ». Cette fin mystérieuse est rappelée dans quelques passages des Livres saints ; l’Ecclésiaste dit qu’Énoch a été transporté pour servir aux nations d’exemple de repentir ; saint Paul affirme que par la foi il fut emporté pour ne pas passer par la mort ; la tradition indique qu’il a quitté la terre sans passer par la mort.
Lemaître de Saci, dans son commentaire sur la Genèse, indique que la plupart des saints Pères, et saint Augustin entre autres, « croient qu’Énoch a été transféré dans le paradis terrestre, où Dieu le conserve d’une manière miraculeuse, vivant dans un corps qui n’est sujet à aucune des conditions de la faiblesse et de la fragilité de la nature mortelle, et le réserve pour l’opposer à la fureur de l’Antéchrist, afin qu’il prêche la pénitence aux nations, comme Élie, que Dieu lui doit joindre dans le même ministère, la doit prêcher aux Juifs, en la manière que saint Jean le décrit dans l’Apocalypse ». Voir le dossier thématique sur l’Antéchrist.
Les premiers chrétiens lisaient un livre intitulé Livre d’Énoch, qui n’a toutefois pas été retenu dans le canon des Livres saints ; c’est une sorte d’Apocalypse en cinq livres ; le premier raconte la chute des anges et leur union avec des filles des hommes ; le second renferme des paraboles messianiques, et le troisième des fables ; le quatrième résume en deux visions l’histoire du peuple juif ; le cinquième contient des exhortations morales. C’est un agrégat d’éléments hétérogènes dont les plus récents datent du premier siècle de l’ère chrétienne ; on le croyait perdu, mais il a été retrouvé en 1769 par l’anglais J. Bruce.
Kircher Athanase, Arca Noë, in tres libros digesta, quorum I. De rebus quae ante Diluvium, II. De iis, quae ipso Diluvio ejusque duratione, III. De iis, quae post Diluvium à Noëmo gesta sunt, Quae omnia novo methodo, nec non summa argumentorum varietate, explicantur, et demonstrantur, Amstelodami, apud Joannem Janssonium à Waesberge, anno MDCLXXV, p. 4. Le Livre d’Énoch : p. 5.
Θεὸς ἐν τῇ ἐπὶ Ναϐουκοδόνοσορ αἰχμαλωσίᾳ τοῦ λαοῦ, διαφθαρεισῶν τῶν γραφῶν, ἐνέπνευσε Ἐσδρᾷ τῷ ἱερεῖ ἐκ τῆς φυλῆς Λευὶ τοῦς τῶν προγεγονότων προφητῶν πάντας ἀνατάξασθαι λόγους, kαὶ ἀποκαταστῆσαι τῷ λαῷ τὴν διὰ Μωσέως νομοθεσίαν. Il allègue cela pour prouver qu’il n’est pas incroyable que les Septante aient expliqué les Écritures saintes avec cette uniformité que l’on admire en eux. Eusèb. lib. 5, Hist. c. 8.
La traduction de ce passage grec d’Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, V, 8, est donnée par les dernières lignes du texte latin qui se trouve à la fin du fragment. « Les Écritures étant détruites, pendant la captivité du peuple sous Nabuchodonosor, [...] Dieu inspira à Esdras, prêtre de la tribu de Lévi, l’idée de rappeler les prophéties anciennes et de restituer au peuple la loi qu’il avait donnée par Moïse. »
Sur Eusèbe de Césarée, voir Encyclopédie saint Augustin, p. 586-588. Sa vie (environ 260 à 339 ou 340) ne semble pas bien connue. Il fut emprisonné sous la persécution de Maximin (309). C’est à la fin de la grande persécution de Dioclétien qu’il paraît en évêque de Césarée. Ses sympathies pro-ariennes et subordinatianistes le font excommunier au concile d’Antioche, mais il est réintégré au concile de Nicée en 325, où il siège au côté de Constantin. Il participe à la déposition d’Eusthate, à celle d’Athanase à Tyr en 335 et de Marcel d’Ancyre à Constantinople en 336. Ses livres touchent à tous les genres, histoire, biographie, apologétique, commentaire biblique. Son Histoire ecclésiastique est la première du genre, et porte sur l’histoire des évêques et de ses penseurs, mais aussi des hérésies La Préparation évangélique plaide contre le paganisme. Il écrit une Vie de Constantin, en qui il voir l’initiateur d’un empire chrétien, idée avec laquelle La cité de Dieu est en complète contradiction. Ses œuvres complètes se trouvent dans la Patrologie de Migne, t. XIX-XXIV.
Voir dans la Patrologie de Migne, l’Historia ecclesiastica, Series graeca, Patrologiae graecae, latine tantum editae, V, ch. VIII, 1857, col. 182. La coïncidence des traductions des Septante n’est pas surprenante : « Neque vero mirandum est id a Deo praestitum fuisse, cum in captivitate populi quae sub Nabuchodonosoro contigit, corruptis Scripturis, ac post septuaginta demum annos regressis in patriam Judaeis, Artaxerxis Persarum regis temporibus, Esdram sacerdotem de tribu Levi afflatu suo Deus impulerit, ut omnes veterum prophetarum libros denuo componeret, legemque ministerio Moysis latam populo restitueret » (cette traduction latine du grec ne coïncide évidemment pas avec celle de Pascal).
C’est la seule mention d’Eusèbe dans l’œuvre de Pascal.
et il a pris cela de saint Irénée, lib. 3, ch. 25.
Sur Irénée de Lyon, voir la notice de Premiers écrits chrétiens, éd. Pouderon, Salamito et Zarini, Pléiade, Paris, Gallimard, 2016, p. 1436-1437. Le texte est donné dans Premiers écrits chrétiens, éd. Pouderon, Salamito et Zarini, Pléiade, p. 1073-1074 (avec une numérotation différente, ch. XXI, de celle que retient Pascal). Voir la notice, p. 1438-1440. Il fait allusion à l’histoire des Septante pour confirmer l’histoire d’Esdras.
« Or, lorsqu’ils furent réunis en présence de Ptolémée et qu’ils comparèrent leurs traductions, Dieu fut glorifié et l’on reconnut que les Écritures étaient vraiment divines, car tous lurent le même texte, dans les mêmes termes, avec les mêmes mots, depuis le début jusqu’à la fin, de sorte que même les païens qui étaient présents reconnurent que les Écritures avaient été traduites sous l’inspiration de Dieu. Que Dieu ait réalisé cela dans leur cas n’est pas étonnant puisque, après la destruction des écritures lors de la captivité du peuple sous Nabuchodonosor et le retour des juifs dans leur pays soixante-dix ans après, c’est sous l’inspiration de Dieu que, par la suite, sous le règne d’Artaxerxès, roi des Perses, Esdras, prêtre de la tribu de Lévi, se rappela toutes les paroles des prophètes des temps passés et rendit au peuple la Loi que Moïse lui avait donnée. »
Saint Hilaire dans la préface sur les psaumes dit qu’Esdras a mis les psaumes en ordre.
Saint Augustin, La crise pélagienne, I, Œuvres, 21, Bibliothèque augustinienne, p. 623. Note sur le prestige de saint Hilaire de Poitiers, adversaire des ariens et auteur d’un commentaire allégorique et moral sur saint Matthieu et sur les Psaumes. Il a été une des grandes autorités théologiques de l’Église latine avec saint Cyprien avant saint Ambroise. Saint Augustin le cite avec respect, et lui a emprunté des idées de son De trinitate sur le rôle du Saint-Esprit. Il lui a emprunté des idées sur la pureté du cœur comme condition préalable à la connaissance des vérités éternelles.
Sur saint Hilaire de Poitiers vers 353, voir l’article que lui consacre Le Nain de Tillemont, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique des six premiers siècles, Saint Hilaire, évêque de Poitiers, Docteur de l’Église et confesseur, tome septième, Paris, Robustel, 1700, p. 432-469. Voir pour complément l’article qui lui est consacré dans l’Encyclopédie saint Augustin, Paris, Cerf, 2005, p. 697-698.
Saint Hilaire note en effet dans ses Commentaires sur les Psaumes, Instruction préalable sur les Psaumes, que, quant à la tradition issue d’Esdras, qui aurait réuni les psaumes en un livre après l’exil, il revient à ceux qui suspectent les auteurs de ces psaumes d’établir que l’on doit la considérer comme invraisemblable ou fausse. Ils ne peuvent avoir été mis en ordre que s’ils ont été prophétisés prophétiquement (nisi prophetis prophetantibus prophetari). Voir sur www.patristique.org, la traduction de Claude Rigolot.
L’origine de cette tradition vient du 14e ch. du 4e livre d’Esdras.
Voir Esdras, Livre IV, ch. XIV, 18.
« Et respondi : dixi coram te, Domine. 19. Ecce enim ego abibo sicut praecepisti mihi, et corripiam praesentem populum. Qui autem iterum nati fuerint, quis commonebit ? 20. Positum est ergo saeculum in tenebris, et qui inhabitant in eo sine lumine, 21. quoniam lex tua incensa est, propter quod nemo scit quae a te facta sunt vel quae incipient opera. 22. Si enim inveni gratiam coram te, immitte in me spiritum sanctum, et scribam omne quod factum est in saeculo ab initio, quae erant in lege tua scripta, ut possint homines invenire semitam, et qui voluerint vivere in novissimis vivant. 23. Et respondit ad me et dixit : Vadens congrega populum et dices ad eos, ut non te quaerant diebus quadraginta. 24. Tu autem praepara tibi buxos multos et accipe tecum Saream, Dabriam, Selemiam, Ethanum et Asihel, quinque hos qui parati sunt ad scribendum velociter. 25. Et venies hic, et ego accendam in corde tuo lucernam intellectus, quae non extinguetur quoadusque finiantur quae incipies scribere. 26. Et cum perfeceris, quaedam palam facies, quaedam sapientibus absconse trades. In crastinum enim hac hora incipies scribere. 27. Et profectus sum, sicut mihi praecepit, et congregavi omnem populum et dixi : 28. Audi, Israel, verba haec : 29. Peregrinantes peregrinati sunt patres nostri ab initio in Aegypto, et liberati sunt inde. 30. Et acceperunt legem vitae quem non custodierunt, quem et vos post eos transgressi estis. 31. Et data est vobis terra in sortem in terra Sion, et vos et patres vestri iniquitatem fecistis et non servastis vias, quas vobis praecepit Altissimus. 32. Justus judex cum sit, abstulit a vobis in tempore quod donaverat. 33. Et nunc vos hic estis, et fratres vestri introrsus vestrum sunt. 34. Si ergo imperaveritis sensui vestro et erudieritis cor vestrum, vivi conservati eritis et post mortem misericordiam consequemini. 35. Judicium enim post mortem veniet, quando iterum revivescemus, et tunc justorum nomina parebunt et impiorum facta ostendentur. 36. Ad me autem nemo accedat nunc, neque requirent me usque diebus quadraginta. 37. Et accepi quinque viros, sicut mandavit mihi, et profecti sumus in campo et mansimus ibi. 14. Et factus sum in crastinum, et ecce vox vocavit me dicens : Ezra, aperi os tuum et bibe quod te potiono. 39. Et aperui os meum, et ecce calix plenus porrigebatur mihi ; hoc erat plenum sicut aqua, color autem ejus ut ignis similis. 40. Et accepi et bibi, et in eo cum bibissem cor meum eructabatur intellectum et in pectus meum increscebat sapientia. Nam spiritus meus conservabat memoriam, 41. et apertum est os meum et non est clausum amplius. 42. Altissimus autem dedit intellectum quinque viris, et scripserunt quae dicebantur ex successione notis quas non sciebant, et sederunt quadraginta diebus. Ipsi autem per diem scribebant, 43. nocte autem manducabant panem ; ego autem per diem loquebar et nocte non tacebam. 44. Scripti sunt autem in quadraginta diebus libri nonagenti quatuor. 45. Et factum est cum completi essent quadraginta dies, et locutus est Altissimus dicens : priora quae scripsisti in palam pone, et legant digni et indigni. 46. Novissimos autem septuaginta conservabis, ut tradas eos sapientibus de populo tuo. 47. In his enim est vena intellectus et sapientiae fons et scientiae flumen. Et feci sic. »
Traduction de la Septante, 1550, p. 191 v° :
« Voici vraiment je m’en irai, ainsi que tu m’as commandé, et corrigerai le peuple présent. Mais qui admonestera ceux qui seront nés après ? Le siècle est mis donc en ténèbres, et ceux qui habitent en icelui sont sans lumière. Car ta loi est allumée, par quoi aucun ne sait quelles choses sont faites de toi, ni quelles œuvres commenceront. Mais si j’ai trouvé grâce envers toi, envoie en moi le saint Esprit, et que j’écrive tout ce qui a été fait au siècle, dès le commencement, les choses qui étaient en ta loi, afin que les hommes puissent trouver le sentier, et que ceux qui voudront vivre ès derniers jours, qu’ils puissent vivre. Et il me répondit, et dit : Va, et si assemble le peuple, et leur diras, qu’ils ne te cherchent point par quarante jours. Mais toi, prépare pour toit plusieurs tablettes de buis, et prends avec toi Saream, Dabriam, Salemeiam, Echanum, et Asiel, ces cinq ici, qui sont disposés pour écrire légèrement. Et viendras ici, et j’allumerai en ton cœur une lumière d’entendement, laquelle ne sera point éteinte, jusques à ce que les choses que tu commenceras à écrire soient finies. Et adonc manifesteras-tu aucunes choses aux parfaits, et bailleras aucunes choses secrètement aux sages. Et commenceras demain à cette heure à écrire. Je m’en suis allé ainsi qu’il m’a commandé, et assemblai tout le peuple, et dis : Écoute Israël ces paroles : Nos pères ont été pélerins en Égypte dès le commencement, et ont été délivrés d’illec, et ont reçu la loi de vie, laquelle n’ont pas gardée, laquelle aussi vous après eux l’avez transgressée : et vous a été donnée la terre par sort, et la terre de Sion, mais vos pères et vous avez fait iniquité, et n’avez point gardé les voies que le souverain vous a commandées : et comme il soit juste juge, il vous a ôté pour un temps ce qu’il vous avait donné. Et maintenant êtes ici, et vos frères sont entre vous. Si donc vous dominez sur votre sens, et que vous endoctrinez votre cœur, vous serez gardés en vie, et après la mort, obtiendrez miséricorde. Car le jugement viendra après la mort, que derechef reviendrons en vie. Et adonc seront. Manifestés les noms des justes, et les œuvres de ceux qui sont sans pitié, seront montrées. Donc que aucun ne vienne à moi maintenant, et que nul ne me cherche, jusques à quarante jours. Et pris cinq hommes, ainsi qu’il me commanda, et nous en allâmes au champ, et illec demeurâmes. Et le lendemain venu, voici une voix qui m’appela, disant : Esdras, ouvre ta bouche, et bois ce que je te donnerai à boire. J’ouvris ma bouche, et voici un plein hanap qui me fut baillé. Il était plein comme d’eau, mais sa couleur était semblable au feu : Je le pris, et le bus. Et quand j’eus bu en icelui, mon cœur fut tourmenté d’entendement, et la sapience croissait en mon cœur. Car mon esprit fut conservé par mémoire : et ma bouche fut ouverte, et ne fut plus fermée ; Le souverain donna entendement aux cinq hommes, et écrivirent les excès de la nuit étaient dits, lesquels ne savaient point. Et mangeaient de nuit le pain, mais je parlais de jour, et ne me taisais point par nuit. Et furent écrits par quarante jours, deux cent quatre livres. Et quand ils eurent accompli les quarante jours, advint que le souverain parla, disant : Publie les premières choses que tu as écrites, et que ceux qui sont dignes ou indignes les lisent ; mais tu garderas les septante derniers, pour les bailler aux sages de ton peuple. Car en iceux est la veine de l’entendement, et la fontaine de sapience, et le fleuve de science : Et je fis ainsi. »
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Deus glorificatus est, et Scripturæ veræ divinæ creditæ sunt, omnibus eamdem, et eisdem verbis et eisdem nominibus recitantibus ab initio usque ad finem uti et præsentes gentes cognoscerent quoniam per inspirationem Dei interpretatæ sunt Scripturæ. Et non esset mirabile Deum hoc in eis operatum quando in ea captivitate populi quæ facta est a Nabuchodonosor corruptis Scripturis et post 70 annos Judæis descendentibus in regionem suam, et post deinde temporibus Artaxerxis Persarum regis inspiravit Esdræ sacerdoti tribus Levi præteritorum prophetarum omnes rememorare sermones et restituere populo eam legem quæ data esset per Moysen.
Cette traduction latine du texte d’Eusèbe est de Pascal. « Dieu a été glorifié, et les vraies Écritures divines ont été crues, que tous [les Septante] récitaient dans les mêmes termes exactement depuis le début jusqu’à la fin, afin que les peuples présents connussent que les Écritures ont été interprétées par l’inspiration de Dieu, et qu’il n’était pas étonnant que Dieu ait accompli en eux cette œuvre, puisque, dans la captivité du peuple sous Nabuchodonosor, les Écritures étant détruites, et soixante-dix ans plus tard les Juifs retournant dans leur pays, et ensuite au temps d’Artaxerxès, roi des Perses, il inspira à Esdras, prêtre de la tribu de Lévi, l’idée de rappeler les prophéties anciennes et de restituer au peuple la loi qu’il avait donnée par Moïse. »
La partie en italique traduit le texte grec.