Fragment Contrariétés n° 6 / 14 – Papier original : RO 442-2

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Contrariétés n° 168 p. 45 v° / C2 : p. 67

Éditions savantes : Faugère II, 89, XXIV / Michaut 761 / Brunschvicg 157 / Tourneur p. 197-5 / Le Guern 114 / Lafuma 123 / Sellier 156

 

 

 

Contradiction, mépris de notre être, mourir pour rien, haine de notre être.

 

 

 

C’est une liste de termes, comme on en trouve plusieurs dans les Pensées, dont  on peut se demander si elle présente des aspects différents de la nature de l’homme, ou plutôt un processus dans lequel ces différents éléments naissent les uns des autres ? Dans le premier cas, Pascal souligne des paradoxes : on peut mépriser son être, on peut vouloir mourir sans raison, on peut se haïr soi-même. Dans l’autre cas, il faudrait comprendre que le mépris de notre être nous conduit à mourir pour rien, ce qui est la forme extrême de la haine de soi. Le fragment se comprend en fait à partir de sa source : c’est une note de lecture dans laquelle Pascal recueille les termes clés d’un passage des Essais de Montaigne, qui forment l’armature d’une argumentation sur la vanité propre à l’homme, qui le conduit à se haïr lui-même. L’idée principale que Pascal formule ici, c’est que le mépris que l’homme peut avoir pour sa nature, et que certains philosophes ont fortement encouragé, est au fond contradictoire et malsain, et témoigne de la vanité de l’homme. Les idées de la liasse Misère sont ainsi dépassées dans la perspective de la liasse Contrariétés.

 

Analyse détaillée...

Fragment connexe

 

Contrariétés 1 (Laf. 119, Sel. 151). Après avoir montré la bassesse et la grandeur de l’homme. Que l’homme maintenant s’estime son prix. Qu’il s’aime, car il y a en lui une nature capable de bien ; mais qu’il n’aime pas pour cela les bassesses qui y sont. Qu’il se méprise, parce que cette capacité est vide ; mais qu’il ne méprise pas pour cela cette capacité naturelle. Qu’il se haïsse, qu’il s’aime : il a en lui la capacité de connaître la vérité et d’être heureux ; mais il n’a point de vérité, ou constante, ou satisfaisante.

 

Mots-clés : Contradiction – Être – Haine – Mépris – Mourir – Rien.