Fragment Fausseté des autres religions n° 2 / 18 – Papier original : RO 467-4
Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Fausseté n° 263 p. 105 / C2 : p. 130
Éditions savantes : Faugère II, 186, II / Havet XXV.93 / Brunschvicg 592 / Tourneur p. 245-4 / Le Guern 190 / Lafuma 204 / Sellier 236
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Bibliographie ✍
HASEKURA Takaharu, “Commentaire des Pensées de Pascal, L. 203, 204”, The proceedings of the department of foreign languages and literatures, College of arts and sciences, University of Tokyo, vol. XXXVI, n° 2, 1988, p. 39-57. SELLIER Philippe, “Le fondement prophétique”, in Port-Royal et la littérature, Pascal, 2e éd., Paris, Champion, 2010, p. 461-470. |
✧ Éclaircissements
Fausseté des autres religions.
Contrairement à Fausseté 1, aucune hésitation n’est ici permise : il s’agit bien du titre du fragment.
Ils n’ont point de témoins. Ceux‑ci en ont.
Les deux premières phrases paraissent être une addition destinée à éclaircir la dernière. La formule Dieu défie les autres religions de produire de telles marques précise l’idée de marques : ce sont les prophéties qui, tenant lieu de témoignage, servent de marque de la vérité de la religion chrétienne.
En effet, si les miracles sont en général trop ponctuels pour pouvoir servir de preuve de Dieu, les prophéties en revanche, sont des marques infaillibles de la toute-puissance de Dieu. D’une part elles transcendent les événements particuliers, englobant toute l’histoire universelle. D’autre part, comme il est impossible à l’homme de prédire l’avenir comme l’ont fait les Écritures, la réalisation des prophéties est une marque incontestable de la puissance de Dieu. Faute de telles marques, les autres religions sont privées de tels garants.
Dieu défie les autres religions de produire de telles marques. Is. 43.9‑44.8.
Les textes auxquels Pascal renvoie ici se trouvent dans la traduction d’Isaïe XLIII, 8-27 et XLIV, 6-8, qu’il a établie dans le fragment Prophéties VI (Laf. 489, Sel. 735). Voir à ce fragment pour la comparaison des textes.
Le défi lancé aux autres religions est formulé dans XLIII, 9 et XLIV, 7-8. Sacy traduit comme suit : « Qui est semblable à moi ? qu’il rappelle tout le passé ; qu’il explique par ordre dès le commencement du monde ce que j’ai fait pour l’établissement de mon peuple ; qu’il leur prédise les choses futures et ce qui doit arriver.
Ne craignez donc point, ne vous épouvantez point : je vous ai fait savoir dès le commencement ce que vous voyez maintenant : vous êtes témoins de ce que je dis. Y a-t-il donc quelqu’autre Dieu que moi, et un créateur que je ne connaisse pas ? »
La hardiesse que suppose un pareil défi, incompréhensible en un autre que Dieu, est évoquée dans le fragment Prophéties 14 (Laf. 336, Sel. 367).