Dossier de travail - Fragment n° 35 / 35  – Papier original : RO 491-7

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 29 p. 199 / C2 : p. 10

Éditions de Port-Royal : Chap. XX - On ne connoist Dieu utilement que par Jésus-Christ : 1669 et janv. 1670

p. 157 / 1678 n° 2 p. 155

Éditions savantes : Faugère II, 317, X / Havet XXII.8 / Brunschvicg 548 / Tourneur p. 306-4 / Le Guern 396 / Lafuma 417 / Sellier 36

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Bibliographie

 

 

DE NADAÏ Jean-Christophe, Jésus selon Pascal, Paris, Mame-Desclée, 2008.

MARION Jean-Luc, Sur le prisme métaphysique de Descartes, Paris, P. U. F., 1986.

MESNARD Jean, “Au cœur de l’apologétique de Pascal : Dieu par Jésus-Christ”, in La culture du XVIIe siècle, Paris, P. U. F., 1992, p. 414-425.

MESNARD Jean, Les Pensées de Pascal, 2e éd., Paris, SEDES-CDU, 1993.

MESNARD Jean, Pascal, Coll. Les écrivains devant Dieu, Paris, Desclée de Brouwer, 1965.

Méthodes chez Pascal, Paris, P. U. F., 1979, p. 170.

SELLIER Philippe, Pascal et saint Augustin, Paris, Colin, 1970.

SELLIER Philippe, “Jésus-Christ chez Pascal”, in Port-Royal et la littérature, I, Pascal, 2e éd., Paris, Champion, 2010, p. 485-510 ; et “Pascal sacrifiant”, p. 587-593.

 

Voir la bibliographie de la liasse Preuves de Jésus-Christ, et le dossier thématique sur Jésus-Christ.

 

 

Éclaircissements

 

L’ignorance de l’homme, qui est évoquée par une inscription au dos du papier, n’est pas ici envisagée à l’égard des connaissances naturelles, scientifiques ou philosophiques, mais à l’égard de Dieu, et du rapport qui existe entre la connaissance que l’homme a de Dieu, et de là à celle qu’il a de lui-même.

Le thème principal de ce fragment peut être rapproché de la liasse Excellence de cette manière de prouver Dieu. La seule manière saine et adéquate de connaître Dieu, c’est de passer par Jésus-Christ le médiateur. Mais Pascal ajoute ici ce qui peut passer pour la conclusion de toute la première partie des liasses à titre : seul Jésus-Christ, réparateur de la corruption humaine, permet à l’homme de se comprendre lui-même.

Le titre La nature est corrompue peut être trompeur (Voir les Copies C1 et C2). Pascal ne cherche pas ici à expliquer pourquoi Adam a été amené à commettre le péché originel qui a corrompu la nature humaine. Sur ce point, on trouve les explications nécessaires dans le dernier en date des Écrits sur la grâce, le Traité de la prédestination et de la grâce, 3, OC III, éd. J. Mesnard, p. 792 sq. En fait, le présent fragment traite des conséquences du péché dans l’état de nature corrompue. Parmi les Écrits sur la grâce, celui qui s’en rapproche le plus est la Lettre sur la possibilité des commandements, qui montre à quel point l’homme, en raison de la blessure que le péché originel lui a infligé, est privé du pouvoir prochain d’atteindre la vertu et le bonheur.

 

Non seulement nous ne connaissons Dieu que par Jésus‑Christ,

 

Pascal résume d’un mot ce qu’il a établi dans la liasse Excellence de cette manière de prouver Dieu.

Sellier Philippe, Port-Royal et la littérature, I, Pascal, 2e éd., p. 485 sq. La christologie comme « voie étroite » vers la théologie. Ph. Sellier souligne la ressemblance de Pascal avec Karl Barth sur l’idée que, quoique les sciences et la philosophie aient une certaine valeur de vérité, elles échouent sur la connaissance de Dieu, à laquelle seule la médiation du Christ peut donner accès.

Excellence 1 (Laf. 189, Sel. 221). Dieu par Jésus-Christ. Nous ne connaissons Dieu que par Jésus-Christ Sans ce médiateur est ôtée toute communication avec Dieu. Par Jésus-Christ nous connaissons Dieu. Tous ceux qui ont prétendu connaître Dieu et le prouver sans Jésus-Christ n’avaient que des preuves impuissantes.

Jésus-Christ tient lieu de médiateur entre l’homme et Dieu, que leur nature sépare de manière radicale. Voir sur ce point le texte sur les trois ordres, Preuves de Jésus-Christ 11 (Laf. 308, Sel. 339). Mais s’il est impossible à l’homme d’accéder à Dieu par ses propres forces, il n’est pas impossible à Dieu de s’abaisser jusqu’à sa créature.

Pascal a traité ce point dans un passage difficile de A P. R. 2 (Laf. 149, Sel. 182) : Incroyable que Dieu s’unisse à nous. Cette considération n’est tirée que de la vue de notre bassesse, mais si vous l’avez bien sincère, suivez-la aussi loin que moi et reconnaissez que nous sommes en effet si bas que nous sommes par nous-mêmes incapables de connaître si sa miséricorde ne peut pas nous rendre capables de lui. Car je voudrais savoir d’où cet animal qui se reconnaît si faible a le droit de mesurer la miséricorde de Dieu et d’y mettre les bornes que sa fantaisie lui suggère. Il sait si peu ce que c’est que Dieu qu’il ne sait pas ce qu’il est lui-même. Et tout troublé de la vue de son propre état il ose dire que Dieu ne le peut pas rendre capable de sa communication. Mais je voudrais lui demander si Dieu demande autre chose de lui sinon qu’il l’aime et le connaisse, et pourquoi il croit que Dieu ne peut se rendre connaissable et aimable à lui puisqu’il est naturellement capable d’amour et de connaissance, Il est sans doute qu’il connaît au moins qu’il est et qu’il aime quelque chose. Donc s’il voit quelque chose dans les ténèbres où il est et s’il trouve quelque sujet d’amour parmi les choses de la terre, pourquoi si Dieu lui découvre quelque rayon de son essence, ne sera-t-il pas capable de le connaître et de l’aimer en la manière qu’il lui plaira se communiquer à nous. Il y a donc sans doute une présomption insupportable dans ces sortes de raisonnements, quoiqu’ils paraissent fondés sur une humilité apparente, qui n’est ni sincère, ni raisonnable si elle ne nous fait confesser que ne sachant de nous-mêmes qui nous sommes nous ne pouvons l’apprendre que de Dieu.

Excellence 1 (Laf. 189, Sel. 221). En lui [Jésus-Christ] et par lui nous connaissons donc Dieu. Hors de là et sans l’écriture, sans le péché originel, sans médiateur nécessaire, promis et arrivé, on ne peut prouver absolument Dieu, ni enseigner ni bonne doctrine, ni bonne morale. Mais par Jésus-Christ et en Jésus-Christ on prouve Dieu et on enseigne la morale et la doctrine. Jésus-Christ est donc le véritable Dieu des hommes.

 

mais nous ne nous connaissons nous-mêmes que par Jésus‑Christ.

 

Ce point est expliqué dans le même fragment de la liasse Excellence de cette manière de prouver Dieu : voir Excellence 1 (Laf. 189, Sel. 221). Mais nous connaissons en même temps notre misère, car ce Dieu là n’est autre chose que le réparateur de notre misère. Ainsi nous ne pouvons bien connaître Dieu qu’en connaissant nos iniquités.

Comme Jésus-Christ est le réparateur de la nature humaine pécheresse et corrompue, qui connaît le Christ connaît du même coup la corruption de la nature humaine, puisque Jésus est venu apporter remède à cette corruption, et que si l’homme n’avait pas été corrompu, il n’aurait eu aucune raison de revêtir la condition humaine pour souffrir sur la croix.

Voir les réflexions tirées de ce fragments par Marion Jean-Luc, Sur le prisme métaphysique de Descartes, p. 354, sur « la connaissance que le Christ a de nous, meilleure que la nôtre, en termes de charité ».

On reconnaît ici un écho de la pensée de Pascal mathématicien, qui, dans les Lettres de A. Dettonville sur la cycloïde, montre que la connaissance de certaines figures géométriques enferme celle d’autres corps qui en sont différents. Par exemple, la connaissance du double onglet d’un triligne rectangle enferme celle du demi-solide de rotation du triligne, parce qu’on connaît le rapport de leurs éléments (voir OC IV, p. 435-439).

 

Nous ne connaissons la vie, la mort que par Jésus‑Christ. Hors de Jésus‑Christ, nous ne savons ce que c’est ni que notre vie ni que notre mort, ni que Dieu, ni que nous‑mêmes.

 

Après la mort d’Étienne Pascal, Pascal a composé une Lettre à Monsieur Périer, son beau-frère, au sujet de la mort de M. Pascal son père (17 octobre 1651), OC II, éd. J. Mesnard, p. 845-863. Il y explique en termes très clairs la manière dont un chrétien doit, selon lui, considérer la vie et la mort. Pascal part du principe dont il se servira quelques années plus tard dans les Écrits sur la grâce (Traité de la prédestination), que « toutes les créatures ne sont pas la première cause des accidents que nous appelons maux, mais que, la Providence de Dieu en étant l’unique et véritable cause, l’arbitre et la souveraine, il est indubitable qu’il faut recourir directement à la source, et remonter jusqu’à l’origine, pour en trouver un solide allègement » (OC II, p. 852). S’appuyant sur ce principe, si « par un transport de grâce », on considère les accidents « dans l’intime de la volonté de Dieu » et la mort « dans la vérité que le Saint-Esprit nous a apprise », on comprend que « la vie des chrétiens est un sacrifice continuel qui ne peut être achevé que par la mort » : « Nous savons que, comme Jésus-Christ, entrant au monde, s’est considéré et s’est offert à Dieu comme un holocauste et une véritable victime, que sa naissance, sa vie, sa mort, sa résurrection, son ascension, et sa présence dans l’Eucharistie, et sa séance éternelle à la dextre n’est qu’un seul et unique sacrifice, nous savons que ce qui est arrivé en Jésus-Christ doit arriver en tous ses membres » (OC II, p. 852-853). Il faut donc considérer « la vie comme un sacrifice », n’appelant « mal que ce qui rend la victime de Dieu victime du diable, mais [...] bien ce qui rend la victime du diable en Adam victime de Dieu » (p. 853-854). « Considérons donc la mort en Jésus-Christ, et non pas sans Jésus-Christ. Sans Jésus-Christ elle est horrible, elle est détestable, et l’horreur de la nature. En Jésus-Christ elle est tout autre : elle est aimable, sainte, et la joie du fidèle. Tout est doux en Jésus-Christ, jusqu’à la mort ; et c’est pourquoi il a souffert et est mort pour sanctifier la mort et les souffrances ; et que, comme Dieu et comme homme, il a été tout ce qu’il y a de grand et tout ce qu’il y a d’abject, afin de sanctifier en soi toutes choses, ôté le péché, et pour être le modèle de toutes les conditions » (p. 854). Pascal examine ensuite la place que la mort tient en la personne de Jésus-Christ, et dans le sacrifice qu’a été sa vie ; la mort y tient lieu d’accomplissement de ce sacrifice (p. 855). Enfin Pascal effectue la transition à la vie de l’homme : « Dès le moment que nous entrons dans l’Église, qui est le monde des fidèles et particulièrement des élus, où Jésus-Christ entra dès le moment de son incarnation par un privilège spécial au fils unique de Dieu, nous sommes offerts et sanctifiés. Ce sacrifice se continue par la vie, et s’accomplit à la mort, dans laquelle, l’âme quittant véritablement tous les vices et l’amour de la terre, dont la contagion l’infecte durant cette vie, elle achève son immolation et est reçue dans le sein de Dieu » (p. 856). Il faut donc considérer la mort « comme des chrétiens, c’est-à-dire avec l’espérance, comme saint Paul l’ordonne, puisque c’est le privilège spécial des chrétiens » (p. 856). « Ne considérons plus un homme comme ayant cessé de vivre, quoique la nature le suggère ; mais comme commençant à vivre, comme la vérité l’assure » (p. 857). La suite de la méditation s’appuie sur le principe « que tout ce qui est arrivé à Jésus-Christ doit se passer et dans l’âme et dans le corps de chaque chrétien » (p. 859), ce qui conduit à de nouvelles réflexions relatives à la mort du corps. Pascal a sans doute eu en mémoire ce qu’il a écrit dans cette lettre lorsqu’il a composé le présent fragment.

Sur ce texte, voir l’étude de De Nadaï Jean-Christophe, Jésus selon Pascal, p. 25 sq., qui examine les rapports de la « théologie du sacrifice » qui apparaît dans la Lettre sur la mort de son père avec la tradition thomiste et le courant bérullien.

Voir aussi l’article de Sellier Philippe, “Pascal sacrifiant”, in Port-Royal et la littérature, Pascal, 2e éd., p. 587-593.

On trouve aussi, sous la plume de Jacqueline Pascal, une méditation sur Le mystère de la mort de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui à partir des différents points de la mort de Jésus, éclaire ce que peut ou ce que doit être la mort du fidèle. Voir ce texte dans OC II, éd. J. Mesnard, p. 746-762.

La condition du chrétien qui apprend de Dieu la vérité de sa condition, et qui demande la grâce de s’examiner lui-même avant le jugement qui doit le mettre « séparé du monde, dénué de toute chose, seul en [sa] présence » pour répondre des « mouvements de [son] cœur », est décrite dans le § III de la Prière pour demander à Dieu le bon usage des maladies, OC IV, éd. J. Mesnard, p. 999-1000.

Pour Pascal, l’enseignement du Christ tend autant à faire connaître aux hommes leur condition présente qu’à leur révéler les moyens que Dieu leur donne pour s’en délivrer.

Loi figurative 26 (Laf. 271, Sel. 302). Jésus-Christ n’a fait autre chose qu’apprendre aux hommes qu’ils s’aimaient eux-mêmes, qu’ils étaient esclaves, aveugles, malades, malheureux et pécheurs ; qu’il fallait qu’il les délivrât, éclairât, béatifiât et guérît, que cela se ferait en se haïssant soi-même et en le suivant par la misère et la mort de la croix.

 

Ainsi sans l’Écriture, qui n’a que Jésus‑Christ pour objet,

 

L’Écriture comprend l’Ancien Testament, qui annonce le Messie, et le Nouveau, qui rapporte les actes de Jésus-Christ et de ses apôtres.

Dossier de travail (Laf. 388, Sel. 7). Jésus-Christ que les deux Testaments regardent, l’Ancien comme son attente le Nouveau comme son modèle, tous deux comme leur centre.

 

nous ne connaissons rien et ne voyons qu’obscurité et confusion dans la nature de Dieu et dans la propre nature.

 

Dans la propre nature : entendre dans notre propre nature (voir la modification apportée dans les Copies). Il ne s’agit pas ici de la Nature physique telle que l’étudie la science. Pascal affirme que le refus de passer par Jésus-Christ médiateur pour connaître Dieu n’engendre que de l’erreur dans l’idée que l’on se fait de Dieu, et dans celle que l’on peut avoir de soi-même.

Sur l’idée d’obscurité, qui rejoint celle des ténèbres, voir le commentaire du fragment Dossier de travail (Laf. 416, Sel. 35).

La connaissance de Dieu sans Jésus-Christ est celle que prétendent, selon lui, posséder les philosophes stoïciens. Pascal dit en plusieurs endroits que cette connaissance purement naturelle de Dieu est inutile et stérile, et qu’elle témoigne d’un orgueil philosophique, vice principal des stoïciens qui a été présenté dans la liasse Philosophes.

Cet orgueil engendre une fausse idée de Dieu. Quoique, comme l’indique L’entretien avec M. de Sacy, les stoïciens se soient formés une haute idée de la grandeur de Dieu et des devoirs que l’homme a envers lui, ils s’en sont éloignés parce qu’ils se sont crus assez forts en raison pour pouvoir communiquer avec Dieu par leur propre force, sans l’aide d’un médiateur. Or cette attitude fausse l’image que l’homme a de Dieu en même temps que celle qu’il a de lui-même, parce qu’elle n’enferme pas l’humilité qui convient à la créature à l’égard de son créateur, parce qu’elle ignore que Dieu est un Dieu qui se cache au cœur mauvais, et que l’homme blessé par le péché n’a plus le « pouvoir prochain » de le trouver par le moyen de ses facultés naturelles.

Excellence 3 (Laf. 190, Sel. 223). C’est ce que produit la connaissance de Dieu qui se tire sans Jésus-Christ qui est de communiquer sans médiateur, avec le Dieu qu’on a connu sans médiateur. Au lieu que ceux qui ont connu Dieu par médiateur connaissent leur misère. C’est ce que produit la connaissance de Dieu qui se tire sans Jésus-Christ qui est de communiquer sans médiateur, avec le Dieu qu’on a connu sans médiateur. Au lieu que ceux qui ont connu Dieu par médiateur connaissent leur misère.

Excellence 4 (Laf. 191, Sel. 224). Il est non seulement impossible mais inutile de connaître Dieu sans Jésus-Christ. Ils ne s’en sont pas éloignés mais approchés ; ils ne se sont pas abaissés mais quo quisque optimus eo pessimus si hoc ipsum quod sit optimus ascribat sibi.

Pascal pense aussi que Descartes participe aussi de cet état d’esprit. Il le déclare dans un propos qui a été retenu par sa nièce Marguerite Périer. Voir le Mémoire sur Pascal et sa famille, OC I, éd. J. Mesnard, p. 1105 : « Je ne puis pardonner à Descartes ; il voudrait bien, dans toute sa philosophie, se pouvoir passer de Dieu, mais il n’a pu s’empêcher de lui faire donner une chiquenaude pour mettre le monde en mouvement ; après cela il n’a plus que faire de Dieu. » En d’autres termes, les démonstrations des Méditations métaphysiques ne conduisent qu’à un Dieu auteur des lois de l’univers, mais non au Dieu crucifié qu’est Jésus-Christ.

La condition pour parvenir à connaître Dieu est, de la part des hommes, d’être assez humbles pour accepter l’idée que leur nature blessée exige que le Christ leur serve de médiateur. À cette humilité répond aussi une différence profonde dans la manière dont Dieu est conçu.

Preuves par discours III (Laf. 449, Sel. 690). Le Dieu des chrétiens ne consiste pas en un Dieu simplement auteur des vérités géométriques et de l’ordre des éléments ; c’est la part des païens et des épicuriens. Il ne consiste pas seulement en un Dieu qui exerce sa providence sur la vie et sur les biens des hommes, pour donner une heureuse suite d’années à ceux qui l’adorent ; c’est la portion des Juifs. Mais le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob, le Dieu des chrétiens, est un Dieu d’amour et de consolation ; c’est un Dieu qui remplit l’âme et le cœur de ceux qu’il possède ; c’est un Dieu qui leur fait sentir intérieurement leur misère, et sa miséricorde infinie ; qui s’unit au fond de leur âme ; qui la remplit d’humilité, de joie, de confiance, d’amour ; qui les rend incapables d’autre fin que de lui-même.

La connaissance de Dieu qui passe par le Christ médiateur est la seule qui permette à l’homme d’avoir une claire connaissance de sa condition postlapsaire.

Excellence 5 (Laf. 192, Sel. 225). La connaissance de Dieu sans celle de sa misère fait l’orgueil. La connaissance de sa misère sans celle de Dieu fait le désespoir. La connaissance de Jésus-Christ fait le milieu parce que nous y trouvons, et Dieu et notre misère.