Dossier de travail - Fragment n° 34 / 35  – Papier original : RO 485-9

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 29 p. 197 v° / C2 : p. 10

Éditions de Port-Royal : Chap. XX - On ne connoist Dieu utilement que par Jésus-Christ : 1669 et janv. 1670

p. 157 / 1678 n° 2 p. 155

Éditions savantes : Faugère II, 316, VIII / Havet XXII.9 / Brunschvicg 546 / Tourneur p. 306-3 / Le Guern 395 / Lafuma 416 / Sellier 35

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Bibliographie

 

 

CHEVALIER Jacques, Pascal, Paris, Plon, 1922.

MESNARD Jean, “Au cœur de l’apologétique de Pascal : Dieu par Jésus-Christ”, in La culture du XVIIe siècle, Paris, Presses Universitaires de France, 1992, p. 414-425.

MESNARD Jean, Les Pensées de Pascal, 2e éd., Paris, SEDES-CDU, 1993.

MESNARD Jean, Pascal, Coll. Les écrivains devant Dieu, Paris, Desclée de Brouwer, 1965.

SELLIER Philippe, Pascal et saint Augustin, Paris, Colin, 1970.

SELLIER Philippe, “Jésus-Christ chez Pascal”, in Port-Royal et la littérature, I, Pascal, 2e éd., Paris, Champion, 2010, p. 485-510.

 

 

Éclaircissements

 

Sans Jésus-Christ, il faut que l’homme soit dans le vice et dans la misère.

 

La dichotomie sans Jésus-Christ et avec Jésus-Christ rappelle le plan esquissé dans le fragment Ordre 4 (Laf. 6, Sel. 40) :

1. Partie. Misère de l’homme sans Dieu.

2. Partie. Félicité de l’homme avec Dieu.

autrement

1. Part. Que la nature est corrompue, par la nature même.

2. Partie. Qu’il y a un Réparateur, par l’Écriture.

Jacques Chevalier, Pascal, 1922, p. 204 sq., présente une étude des Pensées construite sur une opposition analogue, empruntée au fragment Ordre 4, mais il oppose à Misère de l’homme sans Dieu, les termes Grandeur de l’homme avec Dieu.

Il faut : il est nécessaire que... ; il arrive nécessairement que… Pascal souligne dans Fausseté 6 (Laf. 208, Sel. 240) le lien de nécessité qui existe entre l’ignorance des vérités révélées par le Christ et la manière dont l’homme parvient à méconnaître sa propre nature, et sa corruption : Sans ces divines connaissances qu’ont pu faire les hommes sinon ou s’élever dans le sentiment intérieur qui leur reste de leur grandeur passée, ou s’abattre dans la vue de leur faiblesse présente. [...] Car ne voyant pas la vérité entière ils n’ont pu arriver à une parfaite vertu, les uns considérant la nature comme incorrompue, les autres comme irréparable, ils n’ont pu fuir ou l’orgueil ou la paresse qui sont les deux sources de tous les vices, puisqu’ils ne peuvent sinon ou s’y abandonner par lâcheté, ou en sortir par l’orgueil. Car s’ils connaissaient l’excellence de l’homme, ils en ignorent la corruption de sorte qu’ils évitaient bien la paresse, mais ils se perdaient dans la superbe et s’ils reconnaissent l’infirmité de la nature ils en ignorent la dignité, de sorte qu’ils pouvaient bien éviter la vanité mais c’était en se précipitant dans le désespoir.

A contrario, la connaissance de sa condition corrompue devrait amener l’homme à entrevoir la source de sa misère présente : voir Souverain bien 2 (Laf. 148, Sel. 181). Qu’est-ce donc que nous crie cette avidité et cette impuissance sinon qu’il y a eu autrefois dans l’homme un véritable bonheur, dont il ne lui reste maintenant que la marque et la trace toute vide et qu’il essaye inutilement de remplir de tout ce qui l’environne, recherchant des choses absentes le secours qu’il n’obtient pas des présentes, mais qui en sont toutes incapables parce que ce gouffre infini ne peut être rempli que par un objet infini et immuable, c’est-à-dire que par Dieu même. Lui seul est son véritable bien.

 

Avec Jésus-Christ, l’homme est exempt de vice et de misère.

En lui est toute notre vertu et toute notre félicité.

 

Avec Jésus-Christ l’homme est exempt de vice et de misère : cette formule ne signifie pas qu’il suffit de croire en Jésus-Christ pour être exempt de vice. Cette interprétation coïnciderait avec l’erreur calviniste selon laquelle la foi à elle seule suffit pour le salut. Avec Jésus-Christ signifie par l’imitation de Jésus-Christ, qui n’est possible que par la grâce. Les disciples de saint Augustin appellent en effet la grâce efficace, qui seule met l’homme en état d’accomplir les commandements de Dieu la grâce de Jésus-Christ. Voir le titre de Lalane Noël, De la grâce victorieuse de Jésus-Christ, ou Molina et ses disciples convaincus de l’erreur des Pélagiens et des semi-Pélagiens sur le point de la grâce suffisante soumise au libre-arbitre, selon les actes de la Congrégation de Auxiliis. Pour l’explication des cinq propositions de la grâce équivoques et ambiguës, et la plupart fabriquées à plaisir, insérées dans une lettre envoyée depuis peu à Rome, par le sieur de Bonlieu, docteur en théologie, Paris, 1651.

Mesnard Jean, “Au cœur de l’apologétique de Pascal : Dieu par Jésus-Christ”, in La culture du XVIIe siècle, p. 414-425, souligne que Pascal pense surtout à l’amour de Dieu, qui ne pouvant être engendré que par la grâce, n’est pas dans le « pouvoir prochain » de l’homme.

Sous-jacent à l’idée de la nécessité pour l’homme d’être « avec Jésus-Christ » se trouve le thème du corps mystique : le rapprochement est clairement indiqué dans le fragment Morale chrétienne 21 (Laf. 372, Sel. 404). Être membre est n’avoir de vie, d’être et de mouvement que par l’esprit du corps. Et pour le corps, le membre séparé ne voyant plus le corps auquel il appartient n’a plus qu’un être périssant et mourant. Cependant il croit être un tout et ne se voyant point de corps dont il dépende, il croit ne dépendre que de soi et veut se faire centre et corps lui-même. Mais n’ayant point en soi de principe de vie il ne fait que s’égarer et s’étonne dans l’incertitude de son être, sentant bien qu’il n’est pas corps, et cependant ne voyant point qu’il soit membre d’un corps. Enfin quand il vient à se connaître il est comme revenu chez soi et ne s’aime plus que pour le corps. Il plaint ses égarements passés.

Il ne pourrait pas par sa nature aimer une autre chose sinon pour soi-même et pour se l’asservir parce que chaque chose s’aime plus que tout.

Mais en aimant le corps il s’aime soi-même parce qu’il n’a d’être qu’en lui, par lui et pour lui. Qui adhaeret Deo unus spiritus est.

Le corps aime la main, et la main si elle avait une volonté devrait s’aimer de la même sorte que l’âme l’aime ; tout amour qui va au-delà est injuste. La conclusion du fragment établit le lien avec le présent texte : Adhaerens Deo unus spiritus est ;on s’aime parce qu’on est membre de Jésus-Christ ; on aime Jésus-Christ parce qu’il est le corps dont on est membre.

La conversion consiste à quitter l’amour de soi qui engendre la misère pour l’amour de Dieu.

Le fragment est dirigé contre les stoïciens, qui prétendent arriver à Dieu sans connaissance du Christ médiateur qui seul y mène. Sur cet orgueil des philosophes stoïques, voir la liasse Philosophes.

Sellier Philippe, Pascal et saint Augustin, p. 294-295. Le seul moyen de parvenir à Dieu est Jésus-Christ, via veritas. Il faut s’unir au Christ, ou périr parce qu’en dehors de lui, tout est voué à la stérilité et à la mort. Ces formules reprennent des expressions analogues de saint Augustin.

Mesnard Jean, Les Pensées de Pascal, 2e éd., p. 236. La connaissance de Jésus-Christ n’apporte pas seulement la solution de la nature humaine, mais aussi celle du problème du souverain bien.

La liaison nécessaire de ce fragment avec le suivant, Dossier de travail 35 (Laf. 417, Sel. 36), le premier portant sur la morale, et le second sur la connaissance, est bien marquée par le fragment Excellence 1 (Laf. 189, Sel. 221). Dieu par Jésus-Christ. Nous ne connaissons Dieu que par Jésus-Christ. Sans ce médiateur est ôtée toute communication avec Dieu. Par Jésus-Christ nous connaissons Dieu. Tous ceux qui ont prétendu connaître Dieu et le prouver sans Jésus-Christ n’avaient que des preuves impuissantes. [...] Hors de là et sans l’écriture, sans le péché originel, sans médiateur nécessaire, promis et arrivé, on ne peut prouver absolument Dieu, ni enseigner ni bonne doctrine, ni bonne morale ». Mais si « par Jésus-Christ et en Jésus-Christ on prouve Dieu, par lui aussi on enseigne la morale et la doctrine, et nous connaissons en même temps notre misère, car ce Dieu là n’est autre chose que le réparateur de notre misère. Ainsi nous ne pouvons bien connaître Dieu qu’en connaissant nos iniquités.

Voir sur ce point Mesnard Jean, “Au cœur de l’apologétique de Pascal : Dieu par Jésus-Christ”, in La culture du XVIIe siècle, Paris, P. U. F., 1992, p. 414-425.

Bonheur (mot préféré par les éditeurs de 1670 à l’original félicité) et félicité sont difficiles à discerner. Furetière les distingue comme suit. Félicité : jouissance des biens qui peuvent satisfaire le corps et l’esprit. Bonheur : félicité parfaite, possession d’un bien qui ne laisse rien à souhaiter. Mais le Dictionnaire de l’Académie ne donne comme définition que état de celui qui est heureux, bonne fortune, et réserve à félicité le sens de bonheur parfait.

En revanche Pascal emploie le mot à plusieurs reprises dans l’Écrit sur la conversion du pécheur, pour désigner à la fois le bonheur durable et solide que l’homme recherche en vain sur terre et celui qu’il trouve dans la conversion :

« De là vient qu’elle [l’âme de l’homme en cours de conversion] commence à considérer comme un néant tout ce qui doit retourner dans le néant, le ciel, la terre, son esprit, son corps, ses parents, ses amis, ses ennemis, les biens, la pauvreté, la disgrâce, la prospérité, l’honneur, l’ignominie, l’estime, le mépris, l’autorité, l’indigence, la santé, la maladie et la vie même ; enfin tout ce qui doit moins durer que son âme est incapable de satisfaire le dessein de cette âme qui recherche sérieusement à s’établir dans une félicité aussi durable qu’elle-même.

Elle commence à s’étonner de l’aveuglement où elle a vécu ; et quand elle considère d’une part le long temps qu’elle a vécu sans faire ces réflexions et le grand nombre de personnes qui vivent de la sorte, et de l’autre combien il est constant que l’âme, étant immortelle comme elle est, ne peut trouver sa félicité parmi des choses périssables, et qui lui seront ôtées au moins à la mort, elle entre dans une sainte confusion et dans un étonnement qui lui porte un trouble bien salutaire.

Car elle considère que quelque grand que soit le nombre de ceux qui vieillissent dans les maximes du monde, et quelque autorité que puisse avoir cette multitude d’exemples de ceux qui posent leur félicité au monde, il est constant néanmoins que quand les choses du monde, auraient quelque plaisir solide, ce qui est reconnu pour faux par un nombre infini d’expériences si funestes et si continuelles, il est inévitable que la perte de ces choses, ou que la mort enfin nous en prive, de sorte que l’âme s’étant amassé des trésors de biens temporels de quelque nature qu’ils soient, soit or, soit science, soit réputation, c’est une nécessité indispensable qu’elle se trouve dénuée de tous ces objets de sa félicité ; et qu’ainsi, s’ils ont eu de quoi la satisfaire, ils n’auront pas de quoi la satisfaire toujours ; et que si c’est se procurer un bonheur véritable, ce n’est pas se proposer un bonheur bien durable, puisqu’il doit être borné avec le cours de cette vie. »

La félicité dont il est question ici est expliquée de manière plus précise à la fin du fragment Preuves par discours III (Laf. 449, Sel. 690). Par les termes de joie, de confiance, d’amour : Le Dieu des chrétiens ne consiste pas en un Dieu simplement auteur des vérités géométriques et de l’ordre des éléments ; c’est la part des païens et des épicuriens. Il ne consiste pas seulement en un Dieu qui exerce sa providence sur la vie et sur les biens des hommes, pour donner une heureuse suite d’années à ceux qui l’adorent ; c’est la portion des Juifs. Mais le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob, le Dieu des chrétiens, est un Dieu d’amour et de consolation ; c’est un Dieu qui remplit l’âme et le cœur de ceux qu’il possède ; c’est un Dieu qui leur fait sentir intérieurement leur misère, et sa miséricorde infinie ; qui s’unit au fond de leur âme ; qui la remplit d’humilité, de joie, de confiance, d’amour ; qui les rend incapables d’autre fin que de lui-même.

La transition qui va de l’être sans Jésus-Christ à l’être avec Jésus-Christ est l’effet de la grâce qui incline le cœur, engendre un sentiment immédiat qui change les dispositions intérieures de l’homme : pour reprendre les termes du fragment Prophéties VIII (Laf. 502, Sel. 738), la nouvelle dernière fin qu’il trouve en Jésus-Christ lui fait trouver ennemies les créatures qui le détournent de Dieu.

Preuves par les Juifs VI (Laf. 460, Sel. 699). Le Dieu des chrétiens est un Dieu qui fait sentir à l’âme qu’il est son unique bien ; que tout son repos est en lui, qu’elle n’aura de joie qu’à l’aimer ; et qui lui fait en même temps abhorrer les obstacles qui la retiennent et l’empêchent d’aimer Dieu de toutes ses forces. L’amour propre et la concupiscence, qui l’arrêtent, lui sont insupportables. Ce Dieu lui fait sentir qu’elle a ce fond d’amour propre qui la perd, et que lui seul la peut guérir.

La félicité que l’homme trouve à vivre avec Jésus-Christ est expliquée principalement dans les fragments des dossiers Excellence et Morale chrétienne.

Conclusion 5 (Laf. 381, Sel. 413). Ceux qui croient sans avoir lu les Testaments c’est parce qu’ils ont une disposition intérieure toute sainte et que ce qu’ils entendent dire de notre religion y est conforme. Ils sentent qu’un Dieu les a faits. Ils ne veulent aimer que Dieu, ils ne veulent haïr qu’eux-mêmes. Ils sentent qu’ils n’en ont pas la force d’eux-mêmes, qu’ils sont incapables d’aller à Dieu et que si Dieu ne vient à eux ils sont incapables d’aucune communication avec lui et ils entendent dire dans notre religion qu’il ne faut aimer que Dieu et ne haïr que soi-même, mais qu’étant tous corrompus et incapables de Dieu, Dieu s’est fait homme pour s’unir à nous. Il n’en faut pas davantage pour persuader des hommes qui ont cette disposition dans le cœur et qui ont cette connaissance de leur devoir et de leur incapacité.

 

Hors de lui il n’y a que vice, misère, erreur, ténèbres, mort, désespoir.

 

Les idéaux et les promesses des philosophes stoïciens ne conduisent qu’à des extrémités funestes.

La dernière phrase du fragment Preuves par discours III (Laf. 449, Sel. 690), cité plus haut, résume en termes puissants le sens de cette énumération : Tous ceux qui cherchent Dieu hors de Jésus-Christ, et qui s’arrêtent dans la nature, ou ils ne trouvent aucune lumière qui les satisfasse, ou ils arrivent à se former un moyen de connaître Dieu et de le servir sans médiateur, et par là ils tombent ou dans l’athéisme ou dans le déisme, qui sont deux choses que la religion chrétienne abhorre presque également. Sans Jésus-Christ, le monde ne subsisterait pas ; car il faudrait, ou qu’il fût détruit, ou qu’il fût comme un enfer.

Misère : voir la liasse Misère pour la définition pascalienne de ce terme.

Pascal construit un système d’oppositions entre vertu et vice, entre félicité et misère ; mais alors qu’on ne trouve que dans le fragment Preuves par discours III (Laf. 449, Sel. 690) (voir ci-dessus) les termes d’humilité, de joie, de confiance, d’amour, corrélatifs de vertu et de félicité, c’est ici que le couple vice et misère est enrichi par les termes erreur, ténèbres, mort, désespoir.

Mort a sans doute été amené par désespoir : écrit dans l’interligne, le mot a sans doute été trouvé après désespoir. Désespoir enferme en langue classique l’idée de mort et de suicide. On peut se demander pourquoi désespoir a été placé après mort, alors que ce devrait être l’inverse, puisque c’est le désespoir qui succède à la mort. En tout cas, il s’agit d’une addition dont Pascal a bien précisé la place par un signe de renvoi. Mais il faut bien voir que le désespoir n’est pas le propre des vivants : le châtiment éternel de l’enfer est tel, selon l’Évangile de Marc, XVI, 21, que l’anéantissement complet serait préférable. Les théologiens qui ont soutenu la thèse de la délivrance finale des damnés (apokatastasis pantôn) n’ont jamais été approuvés par l’Église.

Le désespoir est le contraire de l’attitude de prière, qui suppose que l’homme ait confiance, les promesses de l’Évangile assurent que, si le secours de Dieu est demandé sincèrement, Dieu accorde toujours sa grâce à la prière. C’est l’une des thèses principales de la Lettre sur la possibilité des commandements, premier en date des Écrits sur la grâce. Voir Lettre sur la possibilité des commandements, Mouvement initial, 2, § 26, OC III, éd. J. Mesnard, p. 654 : « les promesses de l’Évangile et de l’Écriture nous assurent d’obtenir infailliblement la justice nécessaire pour le salut, si nous la demandons par l’esprit de la grâce, et comme il faut. » On retrouvera ce principe affirmé dans L6, § 6, OC III, éd. J. Mesnard, p. 694 : « il faut prendre pour fondement et pour avoué que Dieu ne laisse jamais ceux qui le prient, et qu’au contraire il leur accorde toujours les moyens nécessaires à leur salut, s’ils les lui demandent sincèrement. »

Mesnard Jean, Pascal, Coll. Les écrivains devant Dieu, p. 32 sq. Le désespoir caractérise le type humain de l’athée : le désespoir s’entend comme la constatation d’une impuissance irréductible, l’impossibilité pour l’homme de se dépasser lui-même, et la négation du salut. Il s’oppose sur ce point au déiste et au stoïcien, qui sont caractérisés par la présomption, confiance outrée en soi-même. Voir p. 33, la discussion sur le fait que certaines formes de l’athéisme d’aujourd’hui seraient sans doute classées par Pascal dans la catégorie du déisme.

 

Pour approfondir…

 

Références scripturaires à l’appui

 

Matth., VII, 7-11 : « Demandez, et on vous donnera ; cherchez, et vous trouverez ; frappez à la porte, et on vous ouvrira. Car quiconque demande reçoit ; et qui cherche trouve ; et on ouvrira à celui qui frappe à la porte. Aussi qui est l’homme d’entre vous qui donne une pierre à son fils, lorsqu’il lui demande du pain ? Ou s’il lui demande un poisson, lui donnera-t-il un serpent. Si donc étant méchants comme vous êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il les vrais biens à ceux qui les lui demandent ? »

Matth., XXI, 22 : « Et quoi que ce soit que vous demandiez dans la prière avec foi, vous l’obtiendrez. »

Luc, XI, 9-13 : « Je vous dis de même : Demandez, et il vous sera donné ; cherchez, et vous trouverez ; frappez la porte, et elle vous sera ouverte, Car quiconque demande reçoit, et qui cherche trouve, et on ouvrira à celui qui frappe. Mais qui est le père d’entre vous, qui donnât à son fils une pierre, lorsqu’il lui demanderait du pain, ou qui lui donnât un serpent lorsqu’il lui demanderait un poisson, Ou qui lui donnât un scorpion lorsqu’il lui demanderait un œuf ? Si donc vous, quoique vous soyez méchants, vous savez néanmoins donner de bonnes choses à vos enfants ; à combien plus forte raison votre Père qui est dans le ciel donnera-t-il le bon esprit à ceux qui le lui demandent ? »

Jean, XIV, 13-16 : « Et quoi que vous demandiez à mon Père en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous me demandez quelque chose en mon nom, je le ferai. Si vous m’aimez, gardez mes commandements ; Et je prierai mon Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu’il demeure éternellement en vous. »

Jean, XV, 7 : « Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez tout ce que vous voudrez, et il vous sera accordé ».

Jean, XV, 16 : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ; mais c’est moi qui vous ai choisis, et je vous ai établis, afin que vous marchiez, que vous rapportiez du fruit, et que votre fruit demeure toujours, et mon Père vous donne tout ce que vous lui demanderez en mon nom. »

Jean, XVI, 23-24 : « En ce jour-là, vous ne m’interrogerez plus de rien. En vérité, en vérité je vous le dis : Si vous demandez quelque chose à mon Père en mon nom, il vous le donnera. Jusqu’ici vous n’avez rien demandé en mon nom, afin que votre joie soit pleine et parfaite. »

 

Ténèbres

 

Jean, VIII, 12, associe la lumière à la vie, et la mort aux ténèbres : « Jésus, parlant de nouveau au peuple, leur dit : Je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marche point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie ». Voir aussi XII, 46 : « Je suis venu dans le monde, moi qui suis la lumière, afin que tous ceux qui croient en moi ne demeurent point dans les ténèbres ».

En revanche, d’après le Premier livre des Rois, II, 9, « les impies seront réduits au silence dans leurs ténèbres » ; selon Job, XV, 30, l’impie « ne sortira point des ténèbres » ; et selon XX, 26, « les ténèbres les plus épaisses sont cachées dans le secret de son âme ». Voir aussi Proverbes, IV, 19 : « La voie des méchants est pleine de ténèbres ; ils ne savent où ils tombent », alors que « le sentier des justes est comme une lumière brillante qui s’avance et qui croît jusqu’au jour parfait » (IV, 18).

La même idée est formulée par saint Paul, Ép. Rom. I, 21 : « Parce qu’ayant connu Dieu, ils ne l’ont point glorifié comme Dieu, et ne lui ont point rendu grâces, mais ils se sont égarés dans leurs vains raisonnements, et leur cœur insensé a été rempli de ténèbres ».

L’idée des ténèbres est évidemment liée à celle de l’obscurcissement que le péché a imposé à l’esprit humain ; voir sur ce point Sellier Philippe, Pascal et saint Augustin, p. 98 sq., et surtout p. 294-295.

Voir Écrits sur la grâce, Traité de la prédestination, 3, § 8, OC III, p. 793-794. « La concupiscence s’est donc élevée dans ses membres [sc. d’Adam] et a chatouillé et délecté sa volonté dans le mal, et les ténèbres ont rempli son esprit de telle sorte que sa volonté, auparavant indifférente pour le bien et le mal, sans délectation ni chatouillement ni dans l’un ni dans l’autre, mais suivant, sans aucun appétit prévenant de sa part, ce qu’il connaissait de plus convenable à sa félicité, se trouve maintenant charmée par la concupiscence qui s’est élevée dans ses membres. Et son esprit très fort, très juste, très éclairé, est obscurci et dans l’ignorance. »

Laporte Jean, La doctrine de Port-Royal, I, Les vérités de la grâce, p. 58 sq.