Fragment Misère n° 9 / 24 – Papiers originaux : RO 69-1 et 365-365 v°

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Misère n° 83 à 87 p. 15 v° à 19 / C2 : p. 35 à 37

Éditions de Port-Royal : Chap. XXV - Faiblesse de l’homme : 1669 et janv. 1670 p. 192-193 / 1678 n° 5 et 6 p. 188-189

Éditions savantes : Faugère II, 126, IV / Havet III.8 / Michaut 193 / Brunschvicg 294 / Tourneur p. 182-1 / Le Guern 56 / Maeda III p. 4 / Lafuma 60 / Sellier 94

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(Voir aussi les textes barrés)

 

Transcription savante (origine : Recueil des originaux - Nous ne reproduisons pas l’accolade)

 

RO p. 365

 

 

  en avoit rencontré                      qui fut 1

  avoit permis qu’ 2 au moins une fut 3 universelle Mais la

  plaisanterie est telle que le caprice des hommes a boule 4 s’est si bien

   diversifié, qu’il n’y en a point de generalle 5.

Le larcin, l’inceste, le meurtre des per 6 enfans & des peres, tout

  a eu sa place dan entre les actions vertueuses, se peut

  il rien de plus plaisant, qu’un homme ayt droit de me tuer

  par ce qu’il demeure a l’au 7 au dela de l’eau, & que son prince

  a querelle contre 8 le mien quoy que je n’en aye aucune avec luy.

Il y a sans doute des loix naturelles, Mais cette belle raison

  dogmat 9 corrompue a tout corrompu, Elle a tout examiné

  & gasté nihil amplius nostrum est, quod nostrum dicimus artis est.

 Ex senatusconsultis & plebiscitis crimina exercentur

 Ut olim vitiis sic nunc legibus laboramus 10

L’un 11 De cette confusion arrive que l’un dit qu’il n’y a

 auc 12 que l’essence de la justice est l’authorité du legislateur

  l’autre, la commodité du souverain l’autre la coustume presente.

                                                 plus

 Et c’est le plus seur, Rien n’est juste de soy le tem 13 mo

 rien suivant la seule raison n’est juste de soy, tout bransle

                                                          les loix

 avec le mo temps, verité & justice, les loixfont 14 toute

                                                           la coustume

 l’equité, par cette seule raison qu’elles sont est receues. C’est le

 fondement mistique de son authorité qui les la ramenera 15 a

 son principe l’aneantit, Rien n’est si fautif que ces

  loix qui redressent les fautes, qui leur obeit par ce qu’elles sont

  justes, ne leur obeit a la justice qu’il imagine, mais non

                                                                ramassée

  pas a l’essence de la loy, elle est toute en soy elle est

  loy & rien davantage, qui voudra en examiner le

   motif ad le trouvera si foible & si leger que s’il

   n’est accoustumé a contempler les prodiges de l’imagination

   humaine Il admirera qu’un siecle luy ayt tant

                                                                        fronder

   acquis de pompe & de reverence. L’art de        16

                                                                           rechercher

   bouleverser les Estats est & de fronder  est de reprendre 17 d’ebransler

    les loix fondamen 18 les coustumes establyes, pour en

    sonder 19 ant jusque dans leur source leur marque 20 pour marquer leur defaut

                                           il faut dit on recourir aux loix fondamentales & primitives de l’Estat

   d’authorité & 21 de justice, Elles n 22 c’est un jeu          pour voir qu’une coustume injuste

   seur pour tout perdre, rien ne sera juste a cette                                    a abolies 23.

    balance, cependant le peuple preste aysement

 

 

Notes

 

1 Les Copies C1 et C2 transcrivent « fut » sans l’accent.

2 L. Lafuma : « avait punis qu’ ».

3 L. Brunschvicg : « fût » ; Z. Tourneur, Y. Maeda et L. Lafuma : « fut ».

4 L. Brunschvicg : « a bouleversé » ; Z. Tourneur, Y. Maeda et L. Lafuma : « a boule ».

5 Retranscrit barré uniquement dans C1, C2 et Ph. Sellier.

6 L. Brunschvicg : « pères » ; Z. Tourneur, Y. Maeda et L. Lafuma : « per ».

7 L. Brunschvicg : « à l’autre » ; Z. Tourneur, Y. Maeda et L. Lafuma : « a l’au ».

8 C2 : « avec ».

9 L. Brunschvicg : « dogmatisante » ; Z. Tourneur : « dépravé » (hésite avec « dogmat ») ; Y. Maeda : « dogmat » ; L. Lafuma : « dogma ».

10 G. Michaut : « laboremus ».

11 L. Brunschvicg : « les uns » ; Z. Tourneur, Y. Maeda et L. Lafuma : « l’un ».

12 L. Brunschvicg : « aucune » ; Z. Tourneur, Y. Maeda et L. Lafuma : « auc ».

13 L. Brunschvicg : « temps » ; Z. Tourneur, Y. Maeda et L. Lafuma : « tem ».

14 C1 : « fait » ; C2 : « fait » ; Fau : « fait » ; Havet : « fait » ; Mi : « fait » ; Br : « fait » ; T : « font » ; Laf : « (est) » ; LG : « fait » ; M : « [fait] » ; Sel : « fait ».

15 C1 : « ramène » ; C2 : « ramène » ; Fau : « ramène » ; Havet : « ramène » ; Mi : « ramène » ; Br : « ramène » ; T : « ramènera » ; Laf : « ramènera » ; LG : « ramènera » ; M : « ramènera » ; Sel : « ramènera ».

16 P. Faugère ajoute « (et) » ; M. Le Guern ajoute « et de » comme le suggère Z. Tourneur.

17 L. Brunschvicg : « reproduire » ; Z. Tourneur, Y. Maeda et L. Lafuma : « reprendre ».

18 L. Brunschvicg : « fondamentales » ; Z. Tourneur, Y. Maeda et L. Lafuma : « fondamen ».

19 Z. Tourneur et Y. Maeda : « sonder » ; L. Lafuma : « fonder » (mauvaise lecture du s).

20 L. Brunschvicg : « manque » ; Z. Tourneur, Y. Maeda et L. Lafuma : « marque ».

21 P. Faugère devait penser que « d’autorité et » était barré puisqu’il le signale en note comme un premier jet. Omis par E. Havet dans l’éd. 1866.

22 Les Copies C1 et C2 ajoutent « et ». A été barré ensuite dans C1.

23 Les Copies C1 et C2 oublient le s à « abolies ».

 

RO p. 366 (365 verso)...