L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 157

lumière que celle qu’il trouve dans sa

nature.

Les principales raisons des Pyrrhoniens

sont, que nous n’avons aucune

certitude de la vérité des principes,

hors la foi et la révélation, sinon en

ce que nous les sentons naturellement

en nous. Or ce sentiment naturel n’est

pas une preuve convaincante de leur

vérité ; puisque n’y ayant point de

certitude hors la foi, si l’homme est

créé par un Dieu bon, ou par un démon

méchant, s’il a été de tout

temps, ou s’il s’est fait par hasard, il

est en doute si ces principes nous sont

donnés ou véritables, ou faux, ou

incertains selon notre origine. De

plus, que personne n’a d’assurance

hors la foi, s’il veille, ou s’il dort ;

vu que durant le sommeil on ne croit

pas moins fermement veiller, qu’en

veillant effectivement. On croit voir

les espaces, les figures, les mouvements ;

on sent couler le temps, on le

mesure ; et enfin on agit de même

qu’éveillé. De sorte que la moitié de

la vie se passant en sommeil par notre

propre aveu, où, quoi qu’il nous en

paraisse, nous n’avons aucune idée du

 

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