L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 158

vrai, tous nos sentiments étant alors

des illusions, qui sait si cette autre

moitié de la vie où nous pensons veiller

n’est pas un sommeil un peu différent

du premier, dont nous nous éveillons

quand nous pensons dormir,

comme on rêve souvent qu’on rêve,

en entassant songes sur songes ?

Je laisse les discours que font les

Pyrrhoniens contre les impressions de

la coutume, de l’éducation, des mœurs,

des pays, et les autres choses semblables,

qui entraînent la plus grande

partie des hommes qui ne dogmatisent

que sur ces vains fondements.

L’unique fort des Dogmatistes, c’est

qu’en parlant de bonne foi et sincèrement

on ne peut douter des principes

naturels. Nous connaissons, disent-

ils, la vérité, non seulement par raisonnement,

mais aussi par sentiment,

et par une intelligence vive et lumineuse ;

et c’est de cette dernière

sorte que nous connaissons les premiers

principes. C’est en vain que le

raisonnement qui n’y a point de part

essaie de les combattre. Les Pyrrhoniens

qui n’ont que cela pour objet y

travaillent utilement. Nous savons

 

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