L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 164

qui étant partagées affligent plus

leur possesseur par le manque de la

partie qu’il n’a pas, qu’elles ne le

contentent par la jouissance de celle

qui lui appartient. Ils ont compris

que le vrai bien devait être tel que

tous pussent le posséder à la fois sans

diminution et sans envie, et que personne

ne le pût perdre contre son

gré. Ils l’ont compris, mais ils ne

l’ont pu trouver ; et au lieu d’un bien

solide et effectif, ils n’ont embrassé

que l’image creuse d’une vertu fantastique.

Notre instinct nous fait sentir qu’il

faut chercher notre bonheur dans

nous. Nos passions nous poussent au-

dehors, quand même les objets ne

s’offriraient pas pour les exciter. Les

objets du dehors nous tentent d’eux-

mêmes, et nous appellent, quand

même nous n’y pensons pas. Ainsi les

Philosophes ont beau dire : rentrez en

vous-mêmes, vous y trouverez votre

bien ; on ne les croit pas ; et ceux

qui les croient sont les plus vides

et les plus sots. Car qu’y a-t-il de plus

ridicule et de plus vain que ce que proposent

les Stoïciens, et de plus faux

 

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