L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 169

pour éclairer l’univers. Que

la terre lui paraisse comme un point,

au prix du vaste tour que cet astre

décrit. Et qu’il s’étonne de ce que ce

vaste tour lui-même n’est qu’un

point très délicat, à l’égard de celui

que les astres qui roulent dans le firmament

embrassent. Mais si notre

vue s’arrête là, que l’imagination

passe outre. Elle se lassera plutôt de

concevoir, que la nature de fournir.

Tout ce que nous voyons du monde

n’est qu’un trait imperceptible dans

l’ample sein de la nature. Nulle idée

n’approche de l’étendue de ses espaces.

Nous avons beau enfler nos conceptions,

nous n’enfantons que des

atomes, au prix de la réalité des choses.

C’est une sphère infinie, dont le

centre est partout, la circonférence

nulle part. Enfin c’est un des plus

grands caractères sensibles de la toute-

puissance de Dieu, que notre imagination

se perde dans cette pensée.

Que l’homme étant revenu à soi,

considère ce qu’il est, au prix de ce

qui est. Qu’il se regarde comme égaré

dans ce canton détourné de la nature.

Et que de ce que lui paraîtra ce

 

 

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