Pensées - page 169
pour éclairer l’univers. Que
la terre lui paraisse comme un point,
au prix du vaste tour que cet astre
décrit. Et qu’il s’étonne de ce que ce
vaste tour lui-même n’est qu’un
point très délicat, à l’égard de celui
que les astres qui roulent dans le firmament
embrassent. Mais si notre
vue s’arrête là, que l’imagination
passe outre. Elle se lassera plutôt de
concevoir, que la nature de fournir.
Tout ce que nous voyons du monde
n’est qu’un trait imperceptible dans
l’ample sein de la nature. Nulle idée
n’approche de l’étendue de ses espaces.
Nous avons beau enfler nos conceptions,
nous n’enfantons que des
atomes, au prix de la réalité des choses.
C’est une sphère infinie, dont le
centre est partout, la circonférence
nulle part. Enfin c’est un des plus
grands caractères sensibles de la toute-
puissance de Dieu, que notre imagination
se perde dans cette pensée.
Que l’homme étant revenu à soi,
considère ce qu’il est, au prix de ce
qui est. Qu’il se regarde comme égaré
dans ce canton détourné de la nature.
Et que de ce que lui paraîtra ce
|