L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 171

Qu’il y voie une infinité

de mondes, dont chacun a son firmament,

ses planètes, sa terre, en la

même proportion que le monde visible ;

dans cette terre des animaux, et

enfin des cirons, dans lesquels il retrouvera

ce que les premiers ont donné,

trouvant encore dans les autres la

même chose, sans fin et sans repos.

Qu’il se perde dans ces merveilles

aussi étonnantes par leur petitesse,

que les autres par leur étendue. Car,

qui n’admirera que notre corps,

qui tantôt n’était pas perceptible

dans l’univers, imperceptible lui-même

dans le sein du tout ; soit maintenant

un colosse, un monde, ou plutôt

un tout, à l’égard de la dernière

petitesse où l’on ne peut arriver ?

Qui se considérera de la sorte, s’effraiera

sans doute, de se voir comme

suspendu dans la masse que la nature

lui a donnée entre ces deux abîmes

de l’infini et du néant, dont il est également

éloigné. Il tremblera dans la

vue de ces merveilles ; et je crois que

sa curiosité se changeant en admiration,

il sera plus disposé à les contempler

en silence, qu’à les rechercher

 

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