L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 204

montrer la vanité et la bassesse des

divertissements des hommes, connaissent

bien à la vérité une partie de

leurs misères ; car c’en est une bien

grande que de pouvoir prendre plaisir

à des choses si basses et si méprisables :

mais ils n’en connaissent pas le

fond qui leur rend ces misères mêmes

nécessaires, tant qu’ils ne sont

pas guéris de cette misère intérieure et

naturelle, qui consiste à ne pouvoir

souffrir la vue de soi-même. Ce

lièvre qu’ils auraient acheté ne les

garantirait pas de cette vue ; mais la

chasse les en garantit. Ainsi quand on

leur reproche, que ce qu’ils cherchent

avec tant d’ardeur ne saurait les satisfaire ;

qu’il n’y a rien de plus bas,

et de plus vain ; s’ils répondaient

comme ils devraient le faire s’ils y

pensaient bien, ils en demeureraient

d’accord : mais ils diraient en même

temps qu’ils ne cherchent en cela qu’une

occupation violente et impétueuse

qui les détourne de la vue d’eux-

mêmes, et que c’est pour cela qu’ils

se proposent un objet attirant qui les

charme et qui les occupe tout entiers.

Mais ils ne répondent pas cela, parce

 

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