L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 206

et à se figurer toujours, que

la satisfaction qu’ils n’ont point leur

arrivera, si, en surmontant quelques

difficultés qu’ils envisagent, ils peuvent

s’ouvrir par là la porte au repos.

Ainsi s’écoule toute la vie. On cherche

le repos en combattant quelques

obstacles ; et si on les a surmontés, le

repos devient insupportable. Car,

ou l’on pense aux misères qu’on a,

ou à celles dont on est menacé. Et

quand on se verrait même assez à

l’abri de toutes parts, l’ennui, de son

autorité privée, ne laisserait pas de

sortir du fond du cœur, où il a des

racines naturelles, et de remplir l’esprit

de son venin.

C’est pourquoi lorsque Cineas disait

à Pyrrhus, qui se proposait de jouir

du repos avec ses amis après avoir

conquis une grande partie du monde,

qu’il ferait mieux d’avancer lui-même

son bonheur, en jouissant dès lors

de ce repos, sans l’aller chercher par

tant de fatigues ; il lui donnait un

conseil qui recevait de grandes difficultés,

et qui n’était guère plus raisonnable

que le dessein de ce jeune

 

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