L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 247

que ce charme victorieux les entraîne,

et les faisant repentir de leur

premier choix les rend des pénitents du

diable, selon la parole de Tertullien ;

de même on ne quitterait jamais les

plaisirs du monde pour embrasser la

croix de Jésus-Christ, si on

ne trouvait plus de douceur dans le

mépris, dans la pauvreté, dans le dénuement,

et dans le rebut des hommes,

que dans les délices du péché.

Et ainsi, comme dit Tertullien, il ne

faut pas croire que la vie des Chrétiens

soit une vie de tristesse. On ne

quitte les plaisirs que pour d’autres

plus grands. Priez toujours, dit, Saint

Paul, rendez grâces toujours, réjouissez-

vous toujours. C’est la joie d’avoir

trouvé Dieu, qui est le principe

de la tristesse de l’avoir offensé, et de

tout le changement de vie. Celui qui

a trouvé le trésor dans un champ en

a une telle joie, selon Jésus-Christ,

qu’elle lui fait vendre tout ce qu’il a

pour l’acheter. Les gens du monde

ont leur tristesse ; mais ils n’ont point

cette joie que le monde ne peut donner

ni ôter, dit Jésus-Christ même.

Les bienheureux ont cette joie

 

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