L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 267

 

 

XXIX.

Pensées Morales.

 

1. Les sciences ont deux extrémités

qui se touchent. La première

est la pure ignorance naturelle, où se

trouvent tous les hommes en naissant.

L’autre extrémité est celle où arrivent

les grandes âmes, qui ayant parcouru

tout ce que les hommes peuvent

savoir, trouvent qu’ils ne savent

rien, et se rencontrent dans cette

même ignorance d’où ils étaient

partis. Mais c’est une ignorance savante

qui se connaît. Ceux d’entre-

deux qui sont sortis de l’ignorance

naturelle, et n’ont pu arriver à l’autre,

ont quelque teinture de cette science

suffisante, et font les entendus. Ceux-

là troublent le monde, et jugent plus

mal de tout que les autres. Le peuple

et les habiles composent pour l’ordinaire

le train du monde. Les autres le

méprisent, et en sont méprisés.

2.  Le peuple honore les personnes

 

 

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