Pensées - page 47
Ils inspiraient des mouvements
de bassesse pure, et c’est aussi peu
l’état de l’homme. Il faut des mouvements
de bassesse, non d’une bassesse
de nature, mais de pénitence ;
non pour y demeurer, mais pour aller
à la grandeur. Il faut des mouvements
de grandeur, mais d’une grandeur
qui vienne de la grâce et non du
mérite, et après avoir passé par la
bassesse.
22. Nul n’est heureux comme un
vrai Chrétien, ni raisonnable, ni
vertueux, ni aimable. Avec combien
peu d’orgueil un Chrétien se croit-il
uni à Dieu ? Avec combien peu d’abjection
s’égale-t-il aux vers de la terre ?
23. Qui peut donc refuser à ces
célestes lumières de les croire, et de
les adorer ? Car n’est-il pas plus clair
que le jour que nous sentons en nous-
mêmes des caractères ineffaçables
d’excellence ? Et n’est-il pas aussi véritable
que nous éprouvons à toute
heure les effets de notre déplorable
condition ? Que nous crie donc ce
chaos et cette confusion monstrueuse,
sinon la vérité de ces deux états, avec
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