L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 5

sans penser à cette dernière fin de la

vie, et qui par cette seule raison qu’ils

ne trouvent pas en eux-mêmes des

lumières qui les persuadent, négligent

d’en chercher ailleurs, et d’examiner

à fond si cette opinion est de celles

que le peuple reçoit par une simplicité

crédule, ou de celles qui quoiqu’obscures

d’elles-mêmes ont néanmoins

un fondement très solide, je les considère

d’une manière toute différente.

Cette négligence en une affaire où il

s’agit d’eux-mêmes, de leur éternité,

de leur tout, m’irrite plus qu’elle ne

m’attendrit ; elle m’étonne et m’épouvante ;

c’est un monstre pour moi. Je

ne dis pas ceci par le zèle pieux d’une

dévotion spirituelle. Je prétends

au contraire que l’amour propre, que

l’intérêt humain, que la plus simple

lumière de la raison nous doit donner

ces sentiments. Il ne faut voir pour cela

que ce que voient les personnes les

moins éclairées.

Il ne faut pas avoir l’âme fort élevée

pour comprendre qu’il n’y a point

ici de satisfaction véritable et solide,

que tous nos plaisirs ne sont que vanité,

que nos maux sont infinis, et

 

 

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